Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, le 25 mars 2019 à Washington © AFP Jim WATSON
Les médias américains ont tout fait pour le dissuader, les sondages sont contre lui, mais le maire de New York Bill de Blasio a ajouté jeudi son nom à la longue liste de prétendants démocrates à la présidentielle 2020.
« Donald Trump doit être arrêté », « il est temps de donner la priorité aux gens qui travaillent », déclare Bill de Blasio dans une vidéo de 3 minutes annonçant sa candidature, et mise en ligne tôt jeudi matin.
Il devait être interviewé sur l’émission « Good Morning America », avant d’inaugurer un nouveau musée érigé au pied de la Statue de la Liberté. Puis partir vendredi pour l’Iowa, Etat-clé pour les primaires démocrates.
Si l’adage veut que le poste de maire de New York soit « le deuxième le plus difficile » des Etats-Unis – après celui de président – Bill de Blasio, 58 ans, qui défend des positions très à gauche, semble être seul, pour l’instant, à croire à ses chances.
Bien qu’il réfléchisse depuis des mois sur sa candidature, voyageant à travers le pays, aucun sondage n’est venu l’encourager.
Le dernier le mentionnant, publié début avril par l’université Quinnipiac, indiquait que, même parmi les New-Yorkais, 76% des électeurs ne voulaient pas le voir se lancer dans la bataille, 18% seulement y étant favorables.
Marié à une femme noire avec qui il a eu deux enfants, Bill de Blasio est populaire dans la communauté noire. Mais, selon les sondages, les Hispaniques sont partagés et les Blancs majoritairement critiques de son mandat, même s’il a été facilement réélu pour quatre ans en 2017, faute de grosses pointures pour le concurrencer.
– Proche de Bernie Sanders –
Elu pour la première fois en novembre 2013 pour succéder au milliardaire Michael Bloomberg, sur la promesse de réduire les inégalités dans une ville où elles sont souvent flagrantes, il a défendu avant d’autres des positions très à gauche désormais en vogue chez les démocrates.
Plus proche des positions de Bernie Sanders que d’Hillary Clinton pendant la campagne 2016 – même s’il dirigea la campagne victorieuse de celle-ci pour le Sénat en 2000 – cet ex-partisan des sandinistes du Nicaragua a introduit à New York l’école maternelle gratuite pour tous, relevé le salaire minimum à 15 dollars de l’heure, et annoncé une couverture santé universelle.
Face aux nombreuses arrestations de migrants clandestins par l’administration Trump, il a multiplié les mesures pro-migrants, revendiquant l’image de ville-monde de New York.
Il a aussi entériné récemment un paquet de lois municipales qui se veulent pionnières face au changement climatique.
Lundi, en prélude à sa campagne, il est allé les promouvoir dans le hall de la Trump Tower, siège de la Trump Organization et gratte-ciel cité parmi les plus polluants de la ville.
A suivi un beau chahut, des pro-Trump étant venus contre-manifester. Puis un échange acerbe sur Twitter avec les fils du président, qui gèrent la Trump Organization et l’ont accusé notamment d' »abus de pouvoir ».
Pour se distinguer des 22 autres candidats démocrates déjà en lice, Bill de Blasio se targue dans sa vidéo d’avoir fait de la première métropole américaine « la grande ville la plus sûre des Etats-Unis », avec une baisse continue des homicides pendant son mandat. Mais son credo principal, comme lors de sa campagne pour la mairie de New York, porte sur la réduction des inégalités.
« Il y a beaucoup d’argent dans le monde, il y a beaucoup d’argent dans ce pays, il est juste entre les mauvaises mains », dit-il dans la vidéo, une phrase qu’il a beaucoup répétée à New York.
– Médias féroces –
Mais le maire devra faire face à des médias féroces à son égard: ils dénoncent pêle-mêle son absence de résultats tangibles face à la pauvreté, son manque de charisme, ses aller-retour quotidiens dans son ex-fief de Brooklyn pour faire sa gym, ou ses bisbilles avec le gouverneur démocrate de l’Etat, Andrew Cuomo.
Dans ce contexte, plusieurs de ses collaborateurs ont même confié être contre sa candidature.
Mais Bill de Blasio aime rappeler que personne ne croyait à ses chances d’emporter la mairie en 2013. Lui qui était alors un conseiller municipal méconnu avait créé la surprise en recueillant 73% des voix face au républicain Joe Lhota, devenant le premier maire démocrate de New York depuis 1993.
« J’ai souvent été bon dernier dans les sondages quand je me suis présenté », disait-il fin janvier. « Ce n’est pas comment vous commencez la course (qui compte), c’est comment vous la finissez. »
LNT avec AFP