La police allemande, enquêtant sur le décès de trois personnes tuées à l'arbalète, a trouvé deux corps de femmes le 13 mai 2019 dans un appartement à Gifhorn, en Basse-Saxe (nord de l'Allemagne). © dpa/AFP Christophe Gateau
L’affaire de la tuerie à l’arbalète en Allemagne révèle chaque jour son lot de détails : l’homme découvert le corps criblé de flèches se comportait comme le gourou dominateur d’une secte ésotérique avec les autres femmes retrouvées mortes, selon des médias.
Cet étrange dossier, où se mêlent soupçons de manipulation, y compris sexuelle, d’ésotérisme médiéval et de pacte suicidaire, laisse perplexe l’opinion allemande depuis plusieurs jours.
Et le mystère pourrait ne pas être éclairci avant longtemps : la police a déclaré mercredi avoir encore besoin de deux à trois semaines pour obtenir un premier résultat concluant, en raison notamment de la durée des examens biologiques diligentés sur les corps des cinq victimes, quatre femmes et un homme, retrouvés dans le sud et le nord de l’Allemagne, à 600 kilomètres de distance.
Ces personnes étaient manifestement liées entre elles, y compris sur le plan intime, selon plusieurs médias.
Et l’homme, identifié sous le nom de Torsten WW, 53 ans, semble avoir joué un rôle central dans le groupe. D’après la chaîne de télévision RTL Allemagne et le quotidien Bild, il paraît s’être comporté en gourou tyrannique pour contrôler les quatre femmes.
– « Gourou » –
« Les enquêteurs soupçonnent qu’ils étaient tous membres d’un genre de groupe sexuel focalisé sur le Moyen-Âge. Torsten W. pourrait avoir été leur gourou », a dit RTL.
Bild affirme qu’il a été « en relation avec plusieurs des femmes qu’il contrôlait comme un maître ».
L’homme de 53 ans et à la longue barbe blanche tenait une boutique médiévale en Rhénanie-Palatinat (ouest), « Milites Conductius », et organisait le soir des séances de combat à l’épée. Il s’était fait tatouer des symboles des alchimistes, un mouvement ésotérique vivace au Moyen-Âge et prétendant parvenir à la transmutation des métaux
Les corps sans vie des cinq victimes ont été retrouvés en deux temps, samedi puis lundi.
La police a d’abord découvert ceux de l’homme et de deux femmes, Kerstin E. et Farina C., le corps transpercé de carreaux d’arbalètes, dans une chambre d’hôtel à Passau, en Bavière. Le trio y était arrivé la veille au soir.
Les deux autres victimes, Gertrud C. et Carina U., ont été retrouvées mortes dans l’appartement de Farina C., à plus de 600 km au nord, à Gifhorn, en Basse-Saxe.
Carina U., âgée de seulement 19 ans, était devenue dépressive et avait coupé le contact avec ses parents sous l’influence de Torsten W., ont raconté ces derniers à RTL-Allemagne. Elle l’avait rencontré à l’occasion d’entraînements à des sports de combat.
Sa mère se souvient qu’il n’y en avait que pour « Torsten, Torsten, Torsten » tandis que son père avoue ne toujours pas comprendre comment « quelqu’un peut réussir à manipuler une autre personne de la sorte en quatre à six semaines », car sa fille était auparavant « heureuse ».
Alexander Krüger, un ancien propriétaire du présumé gourou en 2017, a quant à lui déclaré au quotidien Bild qu’il vivait à l’époque avec un couple lesbien auquel il donnait très sèchement des ordres.
Le « langage corporel (des femmes) était dévot, la tête baissée », se rappelle celui qui n’avait jamais entendu un « ton si dur ».
Le propriétaire a finalement expulsé l’homme après avoir été frappé par lui.
– Pacte suicidaire ? –
Les enquêteurs s’orientent dans ce contexte toujours vers la piste d’un pacte suicidaire, sans qu’une raison claire ne soit encore définie.
Torsten W. et Kerstin E., qui vivaient en couple, ont été tuées d’un carreau tiré dans le coeur.
D’autres carreaux ont ensuite été tirés post-mortem, dont certains dans la tête, probablement par la troisième victime, Farina C., une femme de 30 ans qui se serait ensuite suicidée à l’arbalète en se tirant un carreau dans le cou.
« Aucun élément ne montre qu’il y ait pu y avoir une dispute entre les personnes présentes » dans la chambre, a fait savoir la police.
Concernant les corps des deux dernières femmes, Carina U. et Gertrud C., là encore l’autopsie n’a décelé « aucun signe de violence extérieure ». Et leur mort, dont la cause reste inconnue, remonte à « quelques jours », a dit la police.
LNT avec AFP