Julian Assange, fondateur de Wikileaks, à travers la fenêtre d'une camionnette de police à Londres le 1er mai 2019 © AFP/Archives Daniel LEAL-OLIVAS
La saga judiciaire du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, à l’encontre duquel la Suède a réouvert lundi une enquête pour viol, a été relancée le 11 avril après son arrestation par la police britannique à l’ambassade d’Équateur.
Voici les grandes étapes de l’affaire:
– Révélations et mandat d’arrêt –
Fin juillet 2010, la presse mondiale publie 70.000 documents confidentiels sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan diffusés par le site internet WikiLeaks. 400.000 rapports concernant l’invasion américaine en Irak sont publiés en octobre et, un mois plus tard, le contenu de quelque 250.000 câbles diplomatiques américains.
Le 18 novembre, la Suède lance un mandat d’arrêt européen contre Julian Assange dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle présumés de deux Suédoises en août 2010. L’Australien assure que les jeunes femmes étaient consentantes.
Assange se livre à la police britannique le 7 décembre. Il est détenu neuf jours puis assigné à résidence dans le Suffolk (est de l’Angleterre).
En février 2011, un tribunal londonien valide la demande d’extradition de la Suède. L’Australien redoute d’être extradé aux États-Unis et d’y encourir la peine de mort, en raison de la publication des documents secrets américains.
– Réfugié à l’ambassade d’Équateur –
Le 19 juin 2012, Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres et demande l’asile politique. L’Équateur, présidé alors par la figure de la gauche sud-américaine Rafael Correa, le lui accorde en août.
En 2013, Quito exige en vain un sauf-conduit de Londres pour qu’Assange se rende en Équateur.
En janvier 2016, les autorités équatoriennes rejettent la demande de la justice suédoise d’interroger Assange, indiquant vouloir l’interroger elles-mêmes.
– Nationalité équatorienne –
En janvier 2017, Assange se dit prêt à se rendre aux États-Unis, à condition que ses droits soient garantis. Sa déclaration intervient alors que Chelsea Manning, condamnée en 2013 à 35 ans de prison pour avoir transmis plus de 700.000 documents confidentiels au site internet, voit sa peine réduite.
La jeune militaire transgenre sera libérée quatre mois plus tard. Elle sera à nouveau écrouée en mars 2019, en raison de son refus de témoigner dans une enquête sur WikiLeaks.
En mai 2017, faute de pouvoir faire avancer l’enquête, la justice suédoise classe sans suite les accusations de viol.
Le nouveau président équatorien, Lenin Moreno, annonce que le « hacker » peut rester dans son ambassade.
En décembre, Quito accorde à Assange la nationalité équatorienne et demande à Londres de lui reconnaître un statut diplomatique. Le Royaume-Uni refuse.
– Quito perd patience –
En janvier 2018, l’Équateur dit rechercher une « médiation » pour trouver un accord avec Londres sur la situation d’Assange.
Fin mars, agacé par ses prises de position sur Twitter, le gouvernement équatorien coupe l’internet et les systèmes de communication de l’Australien (partiellement rétablis ensuite).
En octobre, Quito lui impose un protocole régissant ses visites, ses communications et même son hygiène dans l’ambassade, dont le non respect pourrait entraîner la « fin de l’asile ».
– Arrestation dans l’ambassade –
Le 2 avril 2019, le président équatorien — qui a rompu avec son prédécesseur de gauche — affirme qu’Assange a « réitéré ses violations » de l’accord sur ses conditions d’asile.
Le 11, Assange, déchu de sa nationalité équatorienne, est arrêté dans l’ambassade par la police britannique.
Son arrestation a eu lieu en vertu d’une demande d’extradition américaine pour « piratage informatique », passible de cinq ans de prison, et du mandat d’arrêt délivré en 2012 par la justice britannique pour violation des conditions de sa liberté conditionnelle.
Aussitôt, l’avocate de la femme qui accuse Julian Assange de viol en Suède en 2010 annonce qu’elle va demander au parquet la réouverture de l’enquête.
Le 14, l’avocate d’Assange déclare que son client est prêt à coopérer avec les autorités suédoises si celles-ci demandent son extradition mais que la priorité reste d’éviter une extradition aux États-Unis.
Le 1er mai, Julian Assange est condamné à 50 semaines de prison par un tribunal londonien pour violation des conditions de sa liberté provisoire. Le lendemain, il refuse lors d’une audience d’être extradé vers les États-Unis.
Le 13, le parquet de Stockholm annonce la réouverture de l’enquête pour viol.
LNT avec Afp