Installation de panneaux de bois pour protéger la vitrine d'un magasin avant le défilé du 1er mai, à Paris le 30 avril 2019 © AFP Martin BUREAU
Magasins barricadés, rues quadrillées: à Paris, les traditionnels défilés du 1er mai, longtemps pacifiques et dédiés aux revendications salariales, vont se dérouler mercredi sous haute surveillance policière face aux risques de violences de manifestants radicaux.
Dès le petit matin, comme dans d’autres points névralgiques, une vingtaine de policiers procédaient à des contrôles aléatoires de sacs à l’entrée de la gare Saint-Lazare, a constaté l’AFP.
Plus de 7.400 policiers et gendarmes sont déployés dans la capitale française pour encadrer les manifestations où « 1.000 à 2.000 activistes radicaux » sont attendus, selon le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Le président Emmanuel Macron a réclamé que la réponse à ces « black blocs » – militants anticapitalistes et antifascistes vêtus de noir et masqués – soit « extrêmement ferme » en cas de violences, après des appels sur les réseaux sociaux à transformer Paris en « capitale de l’émeute ».
L’an dernier déjà, 1.200 militants radicaux avaient perturbé la manifestation parisienne de bout en bout, marquée par de violents heurts: des commerces avaient été dégradés ou incendiés, des véhicules brûlés.
« Il n’est pas question de dramatiser, il est question de mettre en garde (…) il y a un risque », a souligné Christophe Castaner lors d’un point presse.
Si des manifestations sont prévues dans toute la France, les projecteurs sont tournés vers la capitale, souvent théâtre de débordements spectaculaires depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ».
Ces protestataires, qui manifestent chaque samedi depuis la mi-novembre contre la politique sociale et fiscale du gouvernement, seront également dans la rue.
Leur mouvement s’est étiolé mais aussi radicalisé au fil des mois avec des violences et des dégradations en marge des cortèges.
– Syndicats en quête de visibilité –
Coincés entre « blacks blocs » et « gilets jaunes », les syndicats espèrent quant à eux retrouver de la visibilité, avec des meetings dans la matinée et un vaste cortège qui s’ébranlera à 12H30 GMT de Montparnasse à la place d’Italie, dans le sud de la capitale. Mais ils craignent que leurs revendications ne soient pas audibles si des violences devaient survenir.
« Attention de ne pas dénaturer le sens de cette journée », a mis en garde Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, l’un des principaux syndicats français. « C’est une journée de mobilisation et elle revêt toute son importance après les annonces d’Emmanuel Macron qui a dit +Je vous ai compris, je ne change rien+ ».
Déçus par les annonces de la semaine dernière du président de la République, visant à calmer la grogne des gilets jaunes et évaluées par le gouvernement à 17 milliards d’euros, les syndicats réclament notamment une hausse du pouvoir d’achat.
Leur cortège passera devant la célèbre brasserie la Rotonde, un « symbole » du pouvoir depuis qu’Emmanuel Macron y a célébré sa qualification au second tour de l’élection présidentielle en 2017.
Ses propriétaires s’avouaient un peu nerveux mardi, craignant que leur brasserie ne subisse le « sort du Fouquet’s », pillé et brûlé sur les Champs-Elysées le 16 mars lors d’une manifestation de « gilets jaunes ».
« On n’a pas peur des cortèges syndicaux mais des gilets jaunes et des blacks blocs », a expliqué Serge Tafanel, dont le restaurant sera fermé à la demande de la préfecture de police, comme tous les commerces situés le long du parcours.
Au total, 190 motos circuleront aux alentours des manifestations pour permettre aux forces de l’ordre de se déplacer rapidement et des drones serviront également à sécuriser le défilé, a précisé le ministre de l’Intérieur.
Outre Paris, des manifestations sont aussi prévues dans la plupart des grandes villes du pays, de Lille (nord) à Marseille (sud-est).
L’an dernier, les manifestations avaient rassemblé 210.000 personnes en France selon les syndicats, 143.500 selon le gouvernement.
LNT avec AFP