ATTA KENARE / AFP
Les Etats-Unis ont officiellement désigné le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), l’armée d’élite iranienne, comme une organisation terroriste étrangère, selon un avis publié dans le registre fédéral (journal officiel) américain.
C’est la première fois que les États-Unis qualifient une branche d’un gouvernement étranger d’entité terroriste. Le président américain Donald Trump a déclaré la semaine dernière que le comportement de l’Iran l’avait poussé à prendre cette mesure symbolique.
« La décision d’inscrire le CGRI sur la liste des organisations terroristes étrangères (FTO) du Département d’Etat témoigne de notre détermination à exercer une pression maximale sur le régime iranien jusqu’à ce qu’il cesse d’utiliser le terrorisme comme un outil de contrôle de l’État », a tweeté le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, John Bolton.
Le président iranien Hassan Rohani a rétorqué en disant que les Etats-Unis étaient le véritable « chef du terrorisme mondial ». Téhéran a également réagi en déclarant qu’il considérait l’armée américaine dans le Moyen-Orient comme une entité terroriste et que celle-ci serait traitée comme telle.
Le secrétaire d’Etat Pompeo a affirmé que cette mesure s’inscrivait dans la continuation de la « campagne de pression maximale menée par les États-Unis contre le régime iranien ».
La législation américaine prévoit des sanctions contre les personnes qui traitent avec les Gardiens de la révolution avec des peines pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison. Cette nouvelle désignation a pour effet de faciliter la poursuite des entreprises ou des citoyens de l’Union européenne qui font des affaires avec l’Iran.
La décision de désigner le CGRI comme une entité terroriste, a été prise avec la volonté de faire pression sur le régime de Téhéran afin que celui-ci suspende son programme de missiles balistiques et son soutien aux milices en Syrie, en Iraq, au Liban et au Yémen. En effet, le CGRI est responsable des programmes de missiles balistiques et nucléaires de l’Iran. Mais cette force armée est également un conglomérat commercial ayant de vastes intérêts dans les domaines de la construction, de l’ingénierie et de la fabrication mais aussi dans les secteurs bancaire et maritime du pays.
Créé pour protéger le régime immédiatement après la révolution de 1979, à une époque où les nouveaux dirigeants iraniens avaient des raisons de se méfier de l’armée impériale après le renversement du Shah, le Corps des Gardiens de la révolution constitue le cœur du régime théocratique. Les principaux chefs de l’armée et des services de sécurité du shah avaient discuté de l’écrasement de la révolution au cours d’un dîner organisé le soir du Nouvel An 1978, six semaines environ avant la chute du régime. C’est le refus du shah d’approuver leur plan qui a donné naissance à ce nouveau corps armé. Le Shah craignait qu’une effusion de sang à grande échelle ne diminue les chances de voir son fils exilé revenir en Iran comme le nouveau souverain.
Le Corps des gardiens de la révolution islamique appelés aussi les « pasdarans » est un outil essentiel pour la machine de répression en interne et pour l’exportation du terrorisme à l’étranger. C’est l’un des piliers principaux de la stratégie de la théocratie iranienne, visant à étendre son influence en soutenant ses mandataires à travers le Moyen-Orient. Cette stratégie terroriste s’est révélée très coûteuse pour le régime.
Le résultat : une situation de banqueroute que dénonce le peuple iranien lors de ses incessantes manifestations depuis fin 2017. Manifestations réprimées pas ces mêmes Gardiens de la révolution (pasdarans). Une situation désastreuse mise en lumière depuis longtemps par les opposants au régime : Maryam Rajavi, la dirigeante de l’opposition iranienne s’est même félicitée de l’inclusion des pasdarans sur la liste des organisations terroristes étrangères. Compte tenu de l’importance du rôle des pasdarans dans le maintien du régime tyrannique en place, leur désignation en tant qu’entité terroriste est une bonne nouvelle pour la population iranienne.
Nader Nouri
Nader Nouri est un ancien diplomate iranien à Paris, il est le secrétaire général de la Fondation d’Etudes pour le Moyen-Orient (FEMO)