Ouvert en grandes pompes le Mardi 16 avril par SAR le Prince Hériter Moulay El Hassan, le Salon International de l’Agriculture au Maroc, SIAM, s’affirme déjà, pour sa quatorzième édition, comme un succès incontestable.
En effet, si on l’apprécie à l’aune des surfaces consacrées, du nombre d’exposants et de leur exhaustivité en termes d’offres et de provenance géographique, ce présent SIAM fait mieux que le précédent et confirme, si besoin est, l’importance névralgique du secteur agricole pour l’économie nationale.
Et gageons qu’à sa clôture, le bilan officiel des organisateurs attestera amplement de cela.
Mais, faut-il pour autant cacher ce qui ne saurait l’être, afin de rester dans le confort douillet de l’ignorance volontaire ?
L’Agriculture emploie dans notre pays 38,7% de la population active totale.
Il s’agit là d’une donnée qui confirme sa place stratégique, mais qui n’obère pas le fait que la majorité est constituée d’emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés.
C’est donc fort à raison que la problématique de ce 14è SIAM donne à l’emploi la part prépondérante, à la fois pour dissuader l’exode rural, (les jeunes surtout), mais aussi pour garantir aux habitants de nos campagnes un pouvoir d’achat et des moyens matériels dignes de leurs attentes.
Mais comment répondre à cette problématique si aucun débat, aucune réflexion collective des acteurs concernés ne sont organisés à l’occasion de ce SIAM ?
Certes, des tables-rondes sont tenues, des panels d’experts organisés, mais le secteur, contrairement aux années antérieures, a été privé de ses traditionnelles assises qui, depuis plusieurs années, précédaient l’ouverture même du SIAM.
Pas de grand’messe donc et le ministère en charge de ce secteur n’a pas jugé utile d’en informer au préalable l’opinion publique.
Pourquoi ce silence ? La nature ayant horreur du vide, les rumeurs les plus fantaisistes ont donc rempli les blancs laissés par les services de M. Akhannouch, lequel sur plusieurs fronts comme chacun sait et qui paie de sa personne, aurait sans doute gagné à faire un effort de communication sur ce sujet.
Le second point qui mérite commentaire est celui de la mise à niveau du monde agricole, non seulement en termes d’équipements ou d’infrastructures, d’intrants ou de financements, de technologie ou de digitalisation, (voir l’entretien avec M. Philippe Gillet de SICPA), mais au plan de la formation des opérateurs du monde agricole.
Si Maroc Telecom propose ainsi une « serre intelligente », confirmant l’ancrage de l’opérateur télécoms dirigé par M. Ahizoune chez les ruraux, si l’OCP apporte des solutions innovantes pour la fertilisation, si le Crédit Agricole du Maroc, (avec d’autres certes), affirme son implantation dans les campagnes, ou encore si la MAMDA-MCMA présente des produits adaptés au contexte rural, on a parfois la pénible impression que l’accès à ces offres, produits, systèmes, est encore trop peu généralisé.
Pourtant, alors que le Plan Maroc Vert tire à sa fin, (du moins dans sa première phase), l’enjeu est énorme pour l’économie nationale.
Car, sans un PIB agricole soutenu et pérenne, il n’y aura pas de décollage économique durable pour le Royaume, ni amélioration générale des conditions de vie pour une très grande partie de sa population !
Les prévisions d’une récolte céréalière tout juste moyenne, contre 110 millions de quintaux l’an passé, la dépendance pluviométrique, sont des éléments qui incitent à la réflexion en prévision d’actions déterminantes sur toutes les problématiques qui interpellent le monde rural.
Et n’est donc ni incident, ni innocent que pour l’édition 2019, l’invité d’honneur soit la Confédération helvétique, ce pays où les vaches sont toujours grosses et l’herbe scandaleusement grasse !
Car la Suisse, pays de montagnes s’il en est, a pourtant montré ses fortes capacités en agriculture, la diversité de ses productions, la force et la puissance de son secteur agroalimentaire, l’appétence de ses entreprises pour l’innovation, etc.
Ceci, sans compter des engagements irrémédiables en faveur d’une agriculture qui respecte les plus hauts standards environnementaux, prohibe les produits génétiquement modifiés, (OGM) et s’affirme comme un champion du développement durable.
Il est donc utile et positif que l’Agriculture du Maroc s’inspire du modèle helvète, autant que faire se peut et que les « best practices » suisses essaiment chez nous.
Cela, néanmoins, ne nous privera pas de l’exercice d’une évaluation franche et honnête des avancées et des lacunes générés par le Plan Maroc Vert I.
La poursuite de nos objectifs et la réalisation de nos ambitions pour nos campagnes et ceux qui y vivent sont à ce prix.
Fahd YATA