Premier débat en plénière donnant la parole à la délégation marocaine au Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux (CPLR)
Les perspectives du partenariat pour la démocratie locale ont été, mercredi à Strasbourg, au centre du premier débat en plénière donnant la parole à la délégation marocaine au Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux (CPLR) du Conseil de l’Europe pour exprimer ses attentes de ce nouveau partenariat liant les deux parties, au lendemain de son lancement.
MM. Mohand Laenser, président de l’Association des Régions du Maroc (ARM), et Abdelouahhab El Jabri, gouverneur à la Direction Générale des Collectivités Locales relevant du ministère de l’Intérieur, se sont succédé sur la tribune pour expliquer les aspirations du Maroc dans le cadre du statut de partenaire pour la démocratie locale dont il est le premier à bénéficier auprès de cette instance pan-européenne représentant les autorités locales et régionales des 47 États membres du Conseil de l’Europe. Ce statut, octroyé mardi au Royaume au terme d’un vote en plénière dans le cadre de la 36-ème session du Congrès, a été créé pour offrir aux pays du voisinage du Conseil de l’Europe un cadre privilégié de dialogue et de contacts institutionnels avec leurs homologues européens.
« Ce vote constitue, pour nous, une reconnaissance des efforts déployés par le Royaume en matière de décentralisation, de régionalisation et de démocratie locale. Il conforte la volonté constante et régulièrement concrétisée du Maroc, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, d’enrichir sa relation multiforme avec ses partenaires européens », s’est félicité M. Laenser devant les membres du Congrès.
Mais au-delà de cette reconnaissance, il a souligné que ce vote « représente aussi, pour nous Marocains, un engagement fort et durable pour œuvrer au renforcement du dialogue politique entre nos élus régionaux et locaux et les membres du Congrès par, d’une part, une implication constante et tangible dans les activités du Congrès, et, d’autre part, par la contribution à la promotion et l’ancrage de la démocratie locale dans nos territoires ».
Au nom des membres de la délégation marocaine, le président de l’ARM a assuré le Congrès de l’engagement collectif à favoriser « une participation fructueuse » des élus marocains avec lesquels l’assemblée pan-européenne partage « des valeurs, une expertise, des instruments et des expériences indispensables à la gestion de leur collectivité au bénéficie des populations des territoires qu’ils représentent ».
Parmi les pistes de collaboration, il a cité la perspective d’une coopération tripartite incluant l’Afrique.
« Alors que les relations entre l’Europe et le Maroc n’ont eu de cesse de se renforcer, comment ne pas évoquer, également, aujourd’hui le continent africain auquel le Maroc appartient », s’est-il demandé, soulignant que le Maroc est à considérer comme « un vecteur naturel » du rapprochement entre l’Europe et l’Afrique, dans de nombreux domaines, en particulier en matière de développement des pouvoirs locaux.
« En Afrique subsaharienne, la démocratie locale a connu des progrès considérables qui nécessitent d’être consolidés. Le Maroc s’est engagé dans cette voie, en particulier par la dynamisation de la coopération décentralisée Sud-Sud », a indiqué M. Laenser, citant le soutien du Royaume à la création d’un forum des régions d’Afrique lors des dernières Assises d’Africités tenu à Marrakech l’an passé, partant de sa conviction que cette coopération est « à même de renforcer des liens de fraternité et de solidarité entre les populations ».
« Il est évident que le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe nous sera d’un grand soutien pour concrétiser cette volonté de contribuer au renforcement des capacités des collectivités territoriales d’Afrique », a-t-il conclu en formant le vœux que le partenariat officialisé aujourd’hui puisse contribuer « au développement du rayonnement international de nos collectivités locales européennes et africaines au sein d’une nouvelle gouvernance mondiale solidaire et équitable ».
De son côté, M. El Jabri s’est félicité que ce Congrès qui œuvre pour faire progresser et rendre effective la démocratie locale et régionale au sein de l’Europe étend, aujourd’hui, le bénéfice de son expérience riche et diversifiée au Maroc en tant que « partenaire pour la démocratie locale ».
Il a énuméré une série de pistes de collaboration en appui aux chantiers ouverts en la matière au Maroc à l’adresse des collectivités territoriales visant « un service de proximité efficace et efficient et un développement durable et intégré ».
Si le Royaume a opté dès les premières années de l’indépendance pour une décentralisation progressive et graduelle comme choix politique et cadre moderne de gestion des affaires publiques, la consécration de la démocratie, le renforcement des droits de l’Homme et l’élargissement des libertés publiques et individuelles sont sans conteste des chantiers majeurs du projet de société moderne, démocratique et solidaire, initié et porté par le Roi Mohammed VI, a-t-il affirmé.
De même, la consolidation du processus de décentralisation qui constitue un choix « irréversible » est « au centre d’intérêt des pouvoirs publics et témoigne d’une volonté affirmée d’ancrer la pratique de démocratie de proximité, d’agir au plus près des populations avec la promotion de la participation citoyenne dans la gestion des affaires locales », a-t-il ajouté.
Il a cité la Constitution de 2011 qui conforte ce processus en consacrant « une organisation territoriale décentralisée basée sur la régionalisation avancée », notant que le processus de réforme engagé sur la voie de la régionalisation avancée et de l’ancrage des fondements de la démocratie locale est pensé comme un moyen et un objectif de modernisation de l’Etat.
En substance, M. El Jabri résume les attentes du Maroc du partenariat pour la démocratie locale ainsi : « c’est consolider les acquis et améliorer les pratiques ».
Plusieurs élus locaux et régionaux européens ont salué l’approche marocaine pour la mise en œuvre du partenariat pour la démocratie locale, qui marque une nouvelle étape dans la coopération du Maroc avec le Conseil de l’Europe, lors de ce débat introduit par une présentation du Partenariat Sud-méditerranéen par les porte-paroles du Congrès, Piero Fassino, et Constance de Pelichy.
Ils se sont félicités de l’octroi au Maroc de ce statut qui tient en compte la dynamique de réformes pour consacrer les valeurs de démocratie, ainsi que sa participation aux activités de coopération avec le Conseil de l’Europe dans le cadre du Partenariat de voisinage depuis 2012, ses diverses conventions et accords partiels, ou encore l’attribution du statut de Partenaire pour la démocratie auprès de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) au Parlement marocain en 2011.
Les membres du Congrès ont espéré voir d’autre pays du voisinage du Conseil de l’Europe s’inspirer de la démarche du Maroc, le premier pays de la rive sud de la Méditerranée à avoir demandé et obtenu l’adhésion à cette instance pana-européenne, reflétant son engagement irréversible en faveur du développement de la démocratie locale et la consolidation de l’édifice décentralisé basé sur ses spécificités institutionnelles et culturelles.
En vertu de ce statut, la délégation marocaine se voit attribuer 6 sièges de représentants et 6 sièges de suppléants au sein du CPLR, une Assemblée politique pan-européenne représentant les autorités locales et régionales des 47 États membres du Conseil de l’Europe et qui compte plus de 200.000 collectivités locales et régionales.
Le Conseil de l’Europe est la principale organisation de défense des droits de l’homme du continent.
Siégeant à Strasbourg, cette institution a été fondée en 1949 par dix pays dans le même élan d’après-guerre qui allait créer la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1950 et la Communauté économique européenne (CEE) en 1957.
LNT avec MAP