Director Agnes Varda attends the 'Varda By Agnes' (Varda par Agnes) photocall during the 69th Berlinale International Film Festival Berlin at Grand Hyatt Hotel on February 13, 2019 in Berlin, Germany. (Photo by Manuel Romano/NurPhoto)
Elle était l’une des figures – parfois oubliée derrière ses camarades réalisateurs – de la Nouvelle Vague. La cinéaste Agnès Varda est morte d’un cancer dans la nuit, à l’âge de 90 ans, annonce sa famille ce vendredi.
Avec son éternelle coupe au bol et son amour des patates en forme de cœur, Agnès Varda était une figure du cinéma indépendant, à la fois poétique et engagée, source d’inspiration pour nombre d’artistes. Seule représentante féminine de la Nouvelle vague, celle qui fut pendant trente ans la compagne du cinéaste Jacques Demy laisse derrière elle une œuvre marquée par l’humanisme et une originalité folle, entre documentaire, fiction et autobiographie.
Parmi les œuvres les plus marquantes de sa filmographie figurent Cléo de 5 à 7, son deuxième long-métrage sorti en 1962, L’une chante, l’autre pas (1977) ou encore Sans toit ni loi (1985) et le documentaire Les Glaneurs et la glaneuse (2000).
Documentaires et engagements
Quand elle réalise en 1954 son premier film La pointe courte, elle a peu de moyens et presque aucune culture cinématographique – elle racontait n’avoir vu à cette époque qu’une dizaine de films. Le long-métrage avec l’acteur Philippe Noiret et Alain Resnais au montage est considéré comme précurseur de la Nouvelle vague, qui chamboulera le 7e art cinq ans plus tard.
Après trois courts-métrages poétiques et sensibles, Agnès Varda signe en 1962 Cléo de 5 à 7, touchante déambulation dans Paris d’une jeune femme qui attend des résultats médicaux décisifs. Cinéaste engagée, Agnès Varda tourne plusieurs documentaires politiques : Salut les Cubains (1963), Black Panthers (1968), le film collectif Loin du Vietnam (1967)… Elle embrassera aussi la cause féministe avec L’une chante, l’autre pas (1977) qui a pour sujet l’avortement.
Sa fibre sociale s’exprime dans Sans toit ni loi, Lion d’or à Venise en 1985, qui vaudra un César à Sandrine Bonnaire. Avec Les glaneurs et la glaneuse (2000), Agnès Varda s’intéresse aux pauvres qui récupèrent dans les champs ou sur les marchés les légumes abîmés ou invendus. L’occasion de braquer les projecteurs sur la pomme de terre, le « légume le plus modeste, le plus pauvre, celui qu’on ne regarde pas », disait-elle.
Honneurs et postérité
Ces dernières années, elle s’était d’ailleurs concentrée sur les documentaires, à dimension autobiographique (Les plages d’Agnès en 2008, Varda par Agnès cette année). Elle avait récemment arpenté la France rurale avec l’artiste contemporain JR à bord d’un « camion photomaton ». Un projet qui avait donné lieu au documentaire Visages, villages, sorti en 2017 et qu’ils ont coréalisé.
En 2015, elle avait reçu une Palme d’honneur au Festival de Cannes. Une distinction qu’elle estimait être un prix de « résistance et d’endurance ». En 2018, à Cannes, bras dessus, bras dessous avec Cate Blanchett, entourées de 80 actrices, productrices, elle avait plaidé pour l’« égalité salariale » dans le 7e art. Une image forte confortant son statut d’icône et doyenne du cinéma.
En février à la Berlinale, elle avait présenté son dernier documentaire, Varda par Agnès. Ce film était, pour elle, « une façon de dire au revoir ».
LNT avec Afp