Photo du chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah. Crédits : AFP
Comme redouté par les Algériens les plus conscients et fortement envisagé par nombre d’analystes, dont La Nouvelle Tribune, le scénario le plus probable, celui de l’éviction du président Bouteflika par les tenants véritables du pouvoir, l’Armée, a fini par se produire.
Celui donc du départ forcé du vieillard impotent qui aspirait, sinon à un cinquième mandat présidentiel, du moins à se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible grâce au subterfuge du « 4è mandat bis » !
Le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, le général Ahmed Gaïd Salah (78 ans…), a, en effet, réclamé devant ses troupes et publiquement, l’application de l’Article 102 de la Constitution algérienne, qui prévoit la destitution par le Conseil Constitutionnel du Président de la République en cas d’incapacité.
Une fois cette destitution actée, s’ouvre une période transitoire de 90 jours avec un intérim assumé par le président du Sénat et la tenue d’élections générales pour un successeur issu des urnes.
Ce scénario est, bien évidemment, celui qui conforte le Système et lui permet de continuer à jouir de ses prérogatives, prébendes et avantages et au sein duquel, la haute hiérarchie militaire occupe une place centrale.
Si Gaïd Salah s’est enfin résolu à virer celui que l’ANP avait porté au pouvoir en 1999, c’est parce que son obstination (et surtout celle de son clan) à s’accrocher au fauteuil (roulant) présidentiel risquait, devant la très forte mobilisation populaire contre Bouteflika, d’entraîner dans sa chute l’ensemble d’une structure en place depuis 1962 et qui ne veut pas être prise dans ce maelström.
Mais, pour autant, la Rue algérienne acceptera-t-elle ce nouveau stratagème qui permet la continuation du régime Bouteflika sans Bouteflika ?
Rien n’est moins sûr si l’on en juge par les réactions indignées et critiques des Algériens qui, depuis cette annonce par le général Salah, rejettent une telle solution et appellent à une marche massive vendredi prochain.
C’est donc, comme prédit par La Nouvelle Tribune dans un précédent article, « L’Algérie, en route vers l’inconnu » qui reste la seule hypothèse certaine à l’heure actuelle puisqu’il y a fort à parier que le Peuple algérien ne se satisfera pas de ce »plan B » concocté par les caciques du pouvoir.
La contestation et la revendication de l’émergence d’une seconde République, débarrassée des vieux crocodiles et autres hippopotames (pour reprendre une expression chère à un politicien national qui refuse aujourd’hui de rester sur la touche…), ne cesseront pas dans les jours et les semaines à venir.
Il restera à l’Armée et à ses dirigeants de suivre ce mouvement qui désormais s’affirme comme incontestablement révolutionnaire (« du passé faisons table rase »), ou de s’engager dans une épreuve de force avec les masses algériennes. À Dieu ne plaise.
Mais ce qui est quasiment sûr, c’est que les féaux de Bouteflika, ceux qui traînent dans ses basques depuis longtemps, du style Ramtane Lamamra, Noureddine Bedoui et consorts, partiront eux aussi dans les fourgons du clan Boutef qui vit ses dernières heures au pouvoir en Algérie.
Fahd YATA