La Banque centrale égyptienne vient d’annoncer la baisse de son taux directeur d’un point, ce qui est assez surprenant.
Néanmoins une telle décision s’explique et se justifie parfaitement comme le prouve l’analyse pertinente d’Attijari Global Research que nous publions ci-après.
La Banque Centrale d’Égypte (CBE) a décidé, le 14 février, de baisser son taux directeur de 1 pt, ramenant ainsi le taux des opérations principales à 16,25%.
Cette décision, la première depuis 12 mois, pourrait sembler à première vue surprenante. Cependant, une lecture approfondie des contextes économique et monétaire confirme pleinement la décision de la CBE.
Par conséquent, nous pensons que le maintien de la croissance domestique est la priorité actuelle de la Banque Centrale, puisque sa principale mission de stabilité des prix est plutôt bien menée.
Trois arguments justifient notre point de vue:
– Atténuation des pressions inflationnistes: L’inflation globale a diminué pour s’établir à 12,0% en décembre 2018. Ce niveau confirme la tendance baissière observée depuis juillet 2017 où l’inflation a atteint un plafond de 33,0%. Ce niveau est également inférieur à l’objectif de 13,0% +/-3% défini pour le T4-2018. Rappelons que l’inflation sous-jacente s’est maintenue à un niveau maîtrisé de 8,3% ;
– Évolution stable de la parité USD/EGP: Actuellement, la parité EGP/USD s’établit à 17,4 alors qu’elle s’est stabilisée autour de 17,8 depuis près d’une année. Parallèlement, les réserves de change poursuivent leur tendance haussière et s’établissent à un niveau soutenu de 7,7 mois, contre un plus bas depuis 2 ans de 5,5 mois ;
– Faible Demande intérieure: Contrairement à une Demande extérieure vigoureuse, la Demande intérieure est plutôt molle. Bien que la croissance du PIB soit solide et évolue autour de 5,4% en moyenne, les crédits intérieurs perdent de leur vigueur avec une croissance globale de 4,3% sur la période juin-novembre 2018.
Dans l’ensemble, nous pensons que cette décision vise à accélérer la consommation et les investissements, représentant les principaux catalyseurs de la Demande intérieure, grâce à un coût de dette moins élevé.
De la même manière, un taux directeur plus bas devrait réduire le rendement des nouveaux investissements à revenu fixe. «Un mal pour un bien» pour l’économie égyptienne, qui est mieux positionnée pour restreindre l’influence des placements financiers sur l’EGP en faveur des leviers moins volatils tels que les investissements économiques.
À l’avenir, la CBE cible un taux d’inflation de 9% +/- 3% à l’horizon T4-2020, ce qui représente 3 points en dessous du niveau fixé pour le T4-2018.
La hausse des prix du pétrole et le démantèlement des subventions représentent les principaux risques de ne pas atteindre cette nouvelle cible.
Par conséquent, une nouvelle baisse de l’inflation permettrait à la CBE de poursuivre une politique monétaire favorable à la croissance.
LNT avec Attijari Global Research