Rencontre organisée par BMCE Capital.
Le financement du développement des entreprises est une problématique qui ne date pas d’hier. Et depuis la crise de 2008, le problème n’a fait que s’amplifier. Face à l’obligation de se plier aux nouvelles règles prudentielles de Bâle, les banques font face à de fortes pressions dans la sélection des crédits qu’elles octroient, et, plus que jamais, elles ne peuvent à elles seules assurer le financement de l’économie. Ce souci de l’accès au financement touche particulièrement les PME, qui présentent un profil de risque plus élevé que les grandes entreprises, et, bien qu’elles représentent le cœur de l’économie nationale, leur développement s’en trouve souvent freiné.
BMCE Capital, filiale de BMCE Bank of Africa, dont un des objectifs majeurs est de soutenir le développement du marché des capitaux, notamment au bénéfice des PME, a organisé le 5 mars 2019 une rencontre portant sur la thématique « Marché des capitaux : Une réelle opportunité de financement alternative pour les entreprises », avec la participation d’une centaine de dirigeants de PME marocaines. Cette conférence a été animée par une référence internationale de la finance, M. Pascal Quiry, professeur à HEC Paris, ancien banquier d’affaires et co-auteur du célèbre ouvrage Finance d’Entreprise de Vernimmen.
En ouverture de l’événement, M. Khalid Nasr, Président du Directoire de BMCE Capital, a présenté cette rencontre comme le point de départ de plusieurs rendez-vous avec les clients et les partenaires afin de rechercher de nouveaux horizons de coopération et de développement des activités de marché, afin « d’agiter les esprits, recréer une dynamique sur le marché des capitaux au Maroc ». Et malgré l’année morose qu’ont vécu les marchés financiers marocains, M. Nasr juge que « les éléments permettant de redynamiser le marché des capitaux sont là », à savoir, entre autres, la liquidité, l’intérêt des investisseurs, et la transparence.
Dans le cadre de son intervention, M. Quiry a présenté l’expérience des levées de fonds par les PME européennes sur les marchés alternatifs. Loin d’être un phénomène marginal, ces marchés accueillent aujourd’hui plus de 2 500 PME entre Paris, Londres, Francfort et Milan pour des tailles en matière de capitalisation boursière oscillant entre 500 millions et 5 milliards de dirhams par an.
Cette tendance croissante de présence sur ce type de marché des PME a pour raison les clairs avantages qu’il offre à ces entreprises, selon le professeur. Parmi ceux-ci, il cite un accès des actionnaires historiques à la liquidité, une notoriété renforcée (qui aide à trouver de nouveaux investisseurs, mais aussi à attirer les talents) et une plus grande astreinte sur le volet rigueur de gestion.
Et pour convaincre les investisseurs, M. Quiry insiste sur le fait que toute « cotation et vie boursières heureuses nécessitent une histoire ». C’est ce qu’on appelle l’equity story, qui doit « faire rêver les investisseurs », et qui être basée sur une belle croissance, le retournement d’une conjoncture difficile, la consolidation ou encore le rendement.
Par contre, le professeur pointe également les contraintes à considérer telles que la liquidité surtout présente à l’introduction, puis aléatoire, les coûts administratifs et réglementaires non négligeables et la valorisation qui peut « être faible si le flottant est petit ou si la société ne joue pas le jeu de la transparence ».
Pour mieux réussir ces IPO, M. Quiry met en avant des étapes qui peuvent précéder les IPO ou du moins mieux les préparer. Par exemple, il cite l’ouverture croissante des PME françaises sur les fonds de capital investissement (plus de 7 000 d’entre-elles ont déjà franchi le pas), le plus souvent avec des positions minoritaires. Cela permet de s’habituer à faire face à des investisseurs, et à prendre des habitudes de transparence et de rigueur de gestion qui seront salvatrices une fois l’entreprise cotée.
Mais l’entrée en bourse n’est pas la seule source de financement en dehors des banques, il y a aussi les nouvelles formes d’endettement sur le marché pour les PME que M. Quiry invite à mieux scruter en attendant un plus grand intérêt des investisseurs pour les billets de trésorerie ou commercial paper de ce type d’émetteur.
En conclusion, l’intérêt principal que revêt le financement par les marchés des capitaux, est la diversification des sources de financement. Celle-ci peut être vitale pour la survie d’une entreprise en période difficile. De nombreuses sociétés l’ont appris à leurs dépens quand elles sont allées solliciter des emprunts auprès de leurs banques habituelles dans la foulée de la crise de 2008…
Selim Benabdelkhalek