Imaginé par le studio Belem (Edouard Bettencourt et Malik Lemseffer), dans le cadre du prestigieux concours Evolo, ce projet ambitieux, une tour organisée comme un village vertical, a pour vocation d’offrir refuge et protection aux nombreux migrants qui traversent le désert du Sahara.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 15 000 migrants sont morts en mer Méditerranée depuis le début de la crise migratoire en 2014. Ce nombre semble vertigineux, mais il ne concerne que les personnes noyées pendant le dernier kilomètre de leur voyage, aux portes de l’Europe. Le nombre de migrants morts dans le désert du Sahara serait au moins deux fois plus important. Giuseppe Loprete, responsable de l’OIM au Niger, confirme dans « The Europa Press » qu’au moins 30 000 personnes sont mortes dans le désert au cours de la même période, le long de l’une des routes régulièrement empruntées par les migrants se rendant en Libye, avant d’atteindre les côtes de l’Europe. Personne n’en parle, sans doute parce que ces événements se produisent loin des pays développés…
Le désert du Sahara subit la chaleur du soleil brûlant 365 jours par an. Son état de sécheresse fait de cette région un environnement hostile et un défi pour la survie de l’homme. À côté, le Sahara possède l’une des plus importantes réserves d’eaux souterraines de notre planète cachée sous les couches de sable brûlant…
Les victimes viennent principalement des pays d’Afrique subsaharienne. Elles essaient de traverser le désert avant d’atteindre la côte du Maghreb.
– Le projet –
Le projet vise à développer un réseau de tours pour abriter les migrants traversant le désert du Sahara. Autosuffisantes en énergie, ces tours se situent à la croisée des chemins des principales routes migratoires et des réserves d’eau renouvelables situées sous le sol du désert.
Non seulement le bâtiment fournit un abri à une distance régulière le long des routes de croisement, mais il propose également divers programmes aux communautés africaines, à la manière de villages traditionnels, mais organisés verticalement.
Proche de la communauté
Le bâtiment offre toutes les commodités nécessaires aux migrants lors de leur arrêt. Le logement, les soins médicaux ainsi que des installations pour des expériences éducatives, spirituelles et sociales sont organisés sur différents étages ouverts de ce village vertical.
Proche de l’environnement
Le bâtiment utilise des ressources locales pour fournir de la nourriture et de l’eau à la communauté. Les panneaux de façade captent l’énergie solaire, qui sert à pomper de l’eau puis à la distribuer sur différents étages. Chacun d’entre eux reçoit de l’eau potable pour la communauté. La même eau est utilisée pour la végétation cultivée à la ferme à l’un des étages supérieurs. Les eaux usées sont canalisées et traitées par phyto-épuration avant d’être rejetées dans le sol.
L’architecture du bâtiment utilise principalement des matériaux locaux. Les parasols sur la façade sont fabriqués à partir de Jeddari (bois bien connu pour sa résistance à la chaleur du climat du Sahara). Les unités sont en terre cuite de la région. Le béton utilisé dans la structure utilise du sable et de l’eau provenant du site.
Proche des éléments naturels
Le projet a l’ambition d’une architecture simple en fusion avec les éléments naturels environnants. Le vide central de la tour relie ces éléments et permet aux migrants de les ressentir à travers un parcours vertical. Cette élévation, à la fois physique et spirituelle, commence dans les profondeurs du puits à la base du bâtiment. Les eaux souterraines sont accessibles via une rampe en spirale monumentale. L’air est présent à chacun des étages grâce à une ventilation naturelle, horizontalement sur les niveaux et verticalement à travers le vide central. La terre est omniprésente dans l’architecture traditionnelle en terre cuite utilisée pour les différents volumes construits. Enfin, le feu, symbolisé par le soleil brûlant du désert, bien que filtré en façade, ne cesse de briller autour de la tour.
Studio Belem travaille aujourd’hui sur plusieurs projets au Maroc, lesquels partagent cette même approche d’une architecture vernaculaire proche de son environnement. Parmi eux, un Eco Lodge dans la région d’Essaouira s’inspirant des modes de construction locales pour intégrer un paysage aride et minéral. D’autres projets plus urbains verront le jour à Casablanca et en France.
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LNT avec Cdp