Mercredi 31 octobre dans l’après-midi, (heure de New York), le Conseil de Sécurité de l’ONU a majoritairement approuvé le texte de la résolution 2440, présenté et rédigé par les États-Unis, et qui proroge pour six mois, (30 avril 2019), le mandat de la Minurso au Sahara occidental marocain.
On pourrait croire, à la lecture de cette simple présentation factuelle, qu’il s’agit donc d’une déconvenue pour le Maroc et sa cause nationale sacrée, sachant que le Royaume, soutenu notamment par la France, mais également selon le vœu expressément exprimé par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, souhaitaient le renouvellement dudit mandat pour une période d’une année.
KFOR, UNFICYP, MINURSO, même combat !
Mais, le texte de la résolution 2440 est autrement long, explicite et positif pour le Maroc que pourrait le laisser entendre la seule évocation de la durée du mandat de la MINURSO.
En effet, sur la problématique des mandats accordés aux forces d’interposition ou de surveillance des accords de cessez-le-feu, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a eu pour résultat de modifier profondément la perception de la diplomatie américaine sur la question des conflits régionaux.
Avec son conseiller à la Sécurité John Bolton, le président Trump estime que l’ONU ne doit plus s’enfermer désormais dans ces processus interminables et coûteux pour la communauté internationale, mais au contraire adopter les instruments de pression destinés à l’accélération du règlement des questions pendantes devant le Conseil de Sécurité.
Voilà pourquoi les États-Unis, rédacteurs, (« pen holder »), de la résolution 2440, ont fermement préconisé un renouvellement limité à six mois, comme ils l’ont fait pour le mandat de l’UNFICYP, la force d’interposition onusienne à Chypre en juillet dernier et comme ils le souhaitent fortement pour la KFOR, installée au Kosovo par l’OTAN, mais sous mandat du Conseil de Sécurité de l’ONU.
La question du mandat de six mois n’est donc pas, comme présenté notamment par les plumitifs d’Alger, un moyen de pression sur le Maroc, mais l’expression des nouvelles orientations stratégiques de la diplomatie américaine, opposables à tous et valables urbi et orbi !
Alger, dos au mur…
Ces précisions d’importance étant faites, il convient maintenant d’aller plus avant dans un texte qui, pour la première fois, établit avec clarté le rôle de chaque partie intervenante dans la question du Sahara marocain telle que posée devant les instances suprêmes de l’ONU.
La résolution 2440, en effet, considère que les parties engagées ne sont pas seulement le Maroc et les séparatistes du polisario, mais également la Mauritanie, et, surtout, l’Algérie.
Celle-ci, qui se pare injustement du seul titre d’« observateur » est fermement invitée par la résolution 2440 à s’impliquer DIRECTEMENT et DURABLEMENT dans la recherche d’une solution négociée et acceptable par toutes les parties.
Voilà qui met à bas la phraséologie fallacieuse déclinée depuis des décennies par Alger qui prétend uniquement soutenir « le droit des peuples à l’autodétermination » et qui proclame avec fausseté que la question ne la concerne pas directement !
S’il en était vraiment ainsi, alors le Conseil de Sécurité de l’ONU, dans la résolution en question, n’aurait pas également engagé sans détour l’Algérie à accepter le recensement des populations séquestrées à Tindouf, mais également dénoncé la lamentable situation de ces résidents forcés, contraints à vivre depuis plus de quarante ans de la mendicité internationale.
De plus, se félicitant de la tenue d’un « round d’observation » les 5 et 6 décembre prochain à Genève, à l’invitation de M. Horst Köhler, représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU, la résolution 2440 entame une démarche aussi inédite qu’historique, celle de désigner nommément la Mauritanie et l’Algérie comme parties prenantes à la table ronde aux bords au Lac Léman au début du mois prochain.
Il s’agit là, incontestablement, d’une percée positive pour le Maroc, sachant que le texte onusien n’a souffert d’aucun véto de la part de l’un des Cinq Grands, ni d’aucun vote négatif, mais seulement de l’abstention de la Russie de l’’Éthiopie et de la Bolivie.
Un des axes majeurs de la thèse du Royaume qui considère que l’Algérie est responsable des agissements des séparatistes du polisario est enfin reconnu comme tel par la communauté internationale des États ou, du moins, par les plus importants.
Car, si tel n’était pas le cas et que la posture d’Alger était celle d’un simple « voisin », pourquoi l’inviterait-on à prendre place autour d’une table destinée à aborder le cadre et les conditions d’une négociation future, comme le souhaite M. Köhler ?
« Faut pas rêver »
Et ce d’autant que la résolution 2440, reprenant quasiment à l’identique les paragraphes du texte adopté en avril 2018, (résolution 2414), réitère sa mise en garde aux mercenaires de Tindouf qui devront s’abstenir de prendre pied à Tifariti et Bir Lahlou, mais aussi de respecter leur engagement de ne perpétrer aucune provocation aux abords du poste frontière de Guerguerat.
Enfin, le dernier argument qui permet de penser que la résolution du Conseil de Sécurité du 31 octobre 2018 penche effectivement pour l’approche marocaine, est celui qui, tout à la fois, met en avant la pertinence de la proposition marocaine d’autonomie élargie des provinces du Sud, élimine (à deux exceptions près), toute référence au principe d’autodétermination des populations du Sahara marocain, tout en soulignant avec insistance la nécessité d’une solution politique et négociée de la question du devenir de cette région.
Dans ces conditions, alors que la durée raccourcie du mandat de la Minurso ne saurait constituer un argument suffisant pour engager « les parties » dans une négociation sérieuse et profitable, même si Washington pense le contraire, il se pourrait fort que la réunion prochaine de Genève ne soit que formelle et donc improductive.
Car, personne n’ignore, à New York, Paris, Madrid, Moscou ou Washington, comme à Rabat d’ailleurs, que la clé est à Alger et « nulle part ailleurs » !!!
Fahd YATA