Le délégué régional du Tourisme pour Dakhla-Oued Eddahab est assurément un haut responsable incontournable à Dakhla, parce que ses responsabilités s’exercent au niveau du développement d’un des piliers de l’activité économique de la Région. Et, comme ses propos le confirment, ce secteur, fortement porteur, connaît des avancées très positives pour l’essor régional, l’emploi et le positionnement international de Dakhla-Oued Eddahab
La Nouvelle Tribune : On dit que le tourisme représente l’arme du futur pour Dakhla et sa région. Qu’en pensez-vous ?
M. Daifallah Endour :
Effectivement, la région de Dakhla Oued Eddahab recèle des potentialités énormes en tant que destination touristique. Il y a quatre ans qu’un déclic s’est produit pour Dakhla en tant que destination touristique, essentiellement grâce au kite surf et aux sports de glisse, suite à l’implication d’investisseurs et d’opérateurs nationaux qui ont cru dans les atouts de la région.
Parmi ceux-là, les frères Senoussi, véritables pionnier et découvreurs de Dakhla, qui ont lancé le premier établissement dédié aux sports de glisse, un modèle qui a été repris, par d’autres investisseurs et ainsi, Dakhla est devenue une destination incontournable pour les amateurs de kite surf.
Il y a également d’autres créneaux à développer en parallèle car il ne faut pas oublier que la région de Dakhla-Oued Eddahab représente 20% du territoire national, avec un désert où la diversité des paysages et le pittoresque des sites sont très attractifs.
Il y a également la lagune qui est le site emblématique de la région. Je citerai également la Dune Blanche qui se trouve sur la partie ouest de la baie d’Oued Eddahab, un site véritablement paradisiaque.
Mais en même temps qu’il y a la préoccupation de développer le tourisme, il y a celle de préserver l’environnement et la beauté des lieux, ce qui constitue l’une des priorités majeures du Wali de Dakhla-Oued Eddahab, M. Lamine Benomar, qui s’est personnellement beaucoup investi pour promouvoir la destination touristique tout en préservant sa pureté, son environnement naturel et son cachet.
Quel est le rôle de l’État dans le développement régional du tourisme ?
L’État a investi dans la promotion et tout au long de la dernière décennie, on a assisté à l’enchaînement d’événements promotionnels, tel le Forum de Crans Montana qui a mis Dakhla sous les projecteurs de l’actualité internationale.
Les éditions successives ont fait que Dakhla a été beaucoup médiatisée au niveau international, mais également sur les réseaux sociaux.
Il y a eu des retombées bénéfiques pour la région en général, mais notamment pour ses potentialités touristiques.
Nous oeuvrons donc dans le cadre de la stratégie 2020, laquelle a identifié Dakhla comme territoire touristique à part entière.
La région de Dakhla-Oued Eddahab a été baptisée «Grand Sud Atlantique» avec un potentiel d’avant-garde sur le tourisme durable, écologique et cela représente une feuille de route pour le développement du tourisme dans notre région.
Peut-on parler de dynamisation particulière en faveur du Sud justement ?
Oui, sans aucun doute. Dakhla-Oued Eddahab se singularise par le dynamisme qui lui est insufflé à travers le contrat programme pour le développement des Provinces du Sud sous l’impulsion directe de SM le Roi Mohammed VI.
C’est ainsi que 24 projets ont été identifiés comme une grappe de projets touristiques structurants qui vont valoriser d’une manière inclusive tout le potentiel lié au balnéaire, au littoral, à l’océan et au désert dans le même temps.
Il s’agit de projets écologiques implantés dans le désert, mais aussi de circuits à thèmes impliquant notamment des sites archéologiques, d’autres dédiés à la visite de réserves naturelles, etc.
En quoi l’État est-il un facilitateur ?
L’État intervient directement dans le financement puisqu’il y a au moins seize projets structurants qui relèveront du ressort des communes territoriales qui investiront des fonds pour réaliser ces projets.
Il y a également huit projets structurants qui seront promus auprès des investisseurs privés.
Par ailleurs, ce sont des fonds publics qui financeront les études techniques et de faisabilité à travers la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique, SMIT.
En outre, d’autres départements ministériels sont impliqués pour cette dynamique, dont celui de l’Urbanisme, l’Agriculture, l’Équipement, l’Artisanat, etc.
La puissance publique intervient également au niveau des procédures pour l’octroi de terrains, alors que la région de Dakhla-Oued Eddahab se distingue par une réserve foncière issue du domaine privé de l’État et qui est mise directement à la disposition des investisseurs à des prix symboliques.
Peut-on avoir une idée sur un ou deux projets touristiques en cours ?
Je citerai le projet de l’Unité d’Aménagement Touristique, UAT. Il s’agit d’un projet qui va s’étaler sur 150 hectares environ et qui porte sur la viabilisation d’une zone touristique destinée à accueillir des projets dans des conditions optimales.
Je citerai également un projet de circuits touristiques qui vont se focaliser sur la Province d’Aousserd, au sud donc de Dakhla, avec des unités d’hébergement écologiques, mais aussi des équipements sportifs.
L’État débloquera les fonds pour ces projets dont la gestion, selon les termes de la convention évoquée plus haut, sera confiée à des Sociétés de Développement Régional, SDR, mais plutôt dans une configuration Partenariat public-privé, PPP.
Quelle est la démarche qui a été adoptée en termes de transport aérien pour la destination Dakhla-Oued Eddahab ?
La question de la desserte aérienne sur Dakhla est primordiale pour la région. Celle-ci est relativement éloignée et ne peut se développer sans l’aérien.
Aujourd’hui dix vols hebdomadaires Casablanca-Dakhla sont assurés par Royal Air Maroc avec un Boeing 737-800. Mais cela s’avère insuffisant et d’autres dessertes sont prévues et notamment à partir de Marrakech avec Air Arabia.
La desserte point à point Paris-Dakhla par la compagnie Transavia a également été très importante. Il est d’ailleurs prévu qu’elle reprenne en novembre prochain.
Il faut prévoir d’autres liaisons car toute la demande n’est satisfaite qu’à hauteur de 60% environ même si les vols sont toujours pleins.
Et concernant la demande hôtelière ?
Le taux de remplissage est très bon et la demande est croissante, surtout pour les hôtels positionnés dans les sports de glisse. Cependant, il faut noter que les exigences de la clientèle sont désormais orientées vers la qualité, c’est-à-dire pour des prestations plus haut de gamme. C’est notamment une demande de la plupart des tours opérateurs qui travaillent sur Dakhla.
Aujourd’hui, nous avons une capacité de 1000 lits, mais la gamme n’est pas la même. 70% sont positionnés sur les sports de glisse, mais pour la ville de Dakhla elle-même, nous n’avons qu’une dizaine d’hôtels plafonnés à un classement trois étoiles.
Nous avons besoins d’unités de standards supérieurs.
Quelles sont les statistiques en termes de nuitées ?
Pour les hôtels classés, nous avons comptabilisé 80 000 nuitées touristiques en 2015 et 100 000 nuitées en 2016, pour frôler les 120 000 nuitées en 2017. Cela nous donne un taux de croissance annuel de 20 % !
Et pour le premier semestre de l’année en cours, on a enregistré une augmentation de 42% par rapport à la même période de l’année précédente.
Il serait donc judicieux de tabler sur une capacité supplémentaire de 5000 lits dans les mois et années à venir.
Et on notera qu’actuellement, une dizaine de projets hôteliers est en cours de réalisation.
Quelle est la stratégie pour dynamiser ce secteur et surtout pérenniser sa croissance ?
Le ministère du Tourisme prépare actuellement une stratégie de repositionnement de la destination Maroc en général, laquelle sera déclinée sur toutes les régions.
Par ailleurs, le Conseil régional intervient dans la politique touristique de Dakhla-Oued Eddahab et cette implication ira croissante avec la perspective de la régionalisation avancée.
De plus, le Conseil régional du Tourisme, CRT, de création très récente, est fortement motivé et s’active dans la promotion de la destination, notamment par des participations aux salons internationaux, à travers les réseaux sociaux et la mise au point d’un portail électronique.
D’autre part, notre ministère considère également qu’il faut relancer la destination pour le tourisme national car grâce à la médiatisation et aux réseaux sociaux, Dakhla a commencé à attirer une clientèle nationale, le plus souvent aisée, notamment pour la pêche au gros, mais aussi pour le surf, les plages sauvages, les excursions, etc.
Cela à d’ailleurs permis de développer un parc d’une centaine de 4X4 qui sont opérés par des jeunes de la région et leur business marche à merveille avec la clientèle nationale.
Que dire à propos de la formation ?
C’est un levier très important pour le secteur et nous avons besoin actuellement de plus ressources humaines qualifiées. Certes, il y a un institut de l’OFPPT qui s’occupe de former des personnels, mais cela doit être renforcé et surtout relevé en termes de qualité de la formation afin de satisfaire aux standards internationaux en la matière car la qualité du service à la clientèle est une nécessité incontournable.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli