Festival de Fès des musiques sacrées du monde : Le grand maître du Oud Dhafer Youssef illumine la nuit de Fès
Après la sublime création marquant vendredi l’ouverture de la 24ème édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde, une évocation poétique et musicale de la relation privilégiée qui existe dans la Cité entre architecture, artisanat, confréries et métiers, le public a été, samedi soir, au rendez-vous avec une authentique prestation musicale et vocale de l’enfant prodige de la Tunisie, Dhafer Youssef. Grand maître du Oud, vocaliste et compositeur, Dhafer Youssef excelle dans l’art de convertir le mysticisme en musique, ses intuitions en compositions.
A l’image de son dernier album ‘’Diwan of Beauty and Odd-2016’’, que le public du festival des musiques sacrées a pu apprécier, il sait juxtaposer la musique ancienne, mystique et hypnotique du soufisme avec la texture du jazz actuel. Ses créations invitent tantôt à la contemplation et à la paix de l’âme, tantôt à l’envol et à la transe. Les vocalises, très haut perchées, en constituent un élément fondamental.
Ce soir à Fès, le public a longuement applaudi sa maitrise de la performance vocale, lui qui est issu d’une longue lignée de muezzins. Passionné par les ondulations vocales et les résonances sonores, sa musique aux couleurs jazz constitue un terrain fertile où sa voix s’aventure dans l’expérimentation.
Sa musique est synonyme de découverte, d’exploration. Le résultat est une véritable symbiose entre l’oud et les sonorités électroniques. On ne pourrait qu’admirer la fusion à la fois douce et intense entre Oud, guitare électrique, piano, batterie et violoncelle. Le tout accompagné par une voix si puissante, qui fait elle-même office de sixième instrument.
Au fil des expériences, Dhafer Youssef, qui a étudié la musique en Tunisie et en Autriche, avant de sillonner le monde en quête de ‘’l’ivresse créative’’, a réussi à imprimer une identité musicale authentique imprégnée de ses origines, mais sans tomber dans l’orientalisme typique. En 1996, ses multiples découvertes et expériences à Vienne, notamment, donnent vie à son premier disque ‘’Musafir’’ (Le Voyageur). Cet opus est le fruit de diverses rencontres qui marqueront à jamais la musique de Dhafer Youssef et lui insuffleront cette atypique dimension universelle.
Au fil des concerts, Dhafer Youssef gagne en maturité. Un constat qui s’affirme avec la sortie de ‘’Malak’’ en 1999. Suivront, toujours avec le même succès, ‘’Digital Prophecy’’ en 2003, ‘’Divine Shadows’’ (2005) et ‘’Abu Nawas Rhapsody’’ (2010), dans lequel il puise son inspiration dans les textes d’Abu Nawas, poète persan du 7-ème siècle. En 2013, Dhafer Youssef présente au public sa nouvelle création, ‘’Birds Requiem’’. L’album connait un succès inédit avec une tournée internationale triomphale d’environ 100 concerts, plus de 50.000 disques vendus et des interprétations par plusieurs orchestres, dont le London Symphony Orchestra.
Pour la critique, il est considéré aujourd’hui comme le joueur du oud le plus inventif, leader de ce courant de musique contemporaine qui fusionne musique orientale et occidentale et qui a réussi la prouesse de ramener cet instrument étranger à la scène jazz pour le sortir de son rôle et sa forme traditionnels en le confrontant à plusieurs genre musical de l’électro au jazz.
LNT avec MAP