Le journaliste russe Arkadi Babtchenko (d) serre la main au chef des services de sécurité ukrainien (SBU) Vassyl Gritsak (g) en présence du procureur général ukrainien Iouri Loutsenko à Kiev, le 30 mai 2018 © AFP Sergei SUPINSKY
Les autorités ukrainiennes ont reçu vendredi des diplomates occidentaux pour leur fournir des explications concernant la mise en scène du faux assassinat du journaliste russe Arkadi Babtchenko, qui a suscité de nombreuses critiques.
Une dizaine de diplomates se sont rendus au parquet général d’Ukraine où cette rencontre à huis clos a duré presque deux heures, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Cette réunion avec des diplomates en poste à Kiev des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon) avait été annoncée la veille par le procureur général Iouri Loutsenko, qui avait indiqué à la télévision vouloir « expliquer tout ce qu’on peut expliquer dans le respect du secret de l’enquête ».
Vassyl Grytsak, chef des services de sécurité ukrainiens (SBU) qui ont organisé cette « opération spéciale », y a également participé, a confirmé à l’AFP une source au SBU.
Donné pour mort mardi soir, abattu de trois balles dans le dos, le journaliste Babtchenko, virulent critique du Kremlin exilé en Ukraine est réapparu vivant à lors d’une conférence de presse au siège du SBU le jour suivant.
Le SBU et le parquet général ont alors révélé que l’annonce de sa mort, qui avait suscité une vive émotion au-delà de l’Ukraine et la Russie, était une mise en scène.
Le procédé a été justifié comme nécessaire pour déjouer une tentative d’assassinat bien réelle organisée, selon Kiev, par les services secrets russes, visant M. Babtchenko mais aussi une trentaine d’autres personnes, en remontant de l’exécutant aux commanditaires.
Cette affaire a déclenché beaucoup de critiques, notamment de la part des organisations de journalistes qui se sont interrogées sur la nécessité d’un stratagème aussi extrême et sur les accusations de Kiev mettant en cause la Russie avant la révélation de la supercherie.
Berlin avait appelé à « faire la lumière » sur « un événement qui est pour beaucoup de gens incompréhensible dans le cadre de l’Etat de droit ».
Cette affaire « a définitivement rompu la confiance envers les sources d’informations ukrainiennes, y compris officielles », a dénoncé vendredi un porte-parole de la diplomatie russe Artiom Kojine, lors d’un conférence de presse. « Après ces événements, il devient clair, et pas seulement pour nous, qu’il faut vérifier plusieurs fois toute information venant de Kiev, car il peut s’agir d’un banal +fake+ ».
LNT avec Afp