Des Iraniens assistent à un meeting du président Hassan Rohani à Sabzevar, dans le nord-ouest du pays, le 6 mai 2018 © Iranian Presidency/AFP -
Le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ont vanté lundi les mérites de l’accord sur le nucléaire iranien, dans une ultime tentative de convaincre Donald Trump de ne pas en sortir à quelques jours de la date-butoir.
En « ce moment délicat, ce serait une erreur de s’éloigner de l’accord nucléaire et de lever les contraintes qu’il fait peser sur l’Iran », a estimé dans une tribune publiée par le New York Times le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson.
Ce texte a été publié peu avant qu’il ne rencontre avec des responsables de l’administration américaine à Washington.
En parallèle à Berlin, ses deux homologues français et allemand, Jean-Yves Le Drian et Heiko Maas, ont aussi plaidé en faveur de l’accord, meilleur moyen à leur yeux pour « éviter que l’Iran n’accède à l’arme nucléaire », et affirmé qu’ils continueraient à l’appliquer même en cas de retrait américain.
Ces trois pays européens font partie du Groupe dit 5+1, avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine, qui a conclu avec Téhéran l’accord limitant les ambitions nucléaires iraniennes en juillet 2015 à Vienne.
Il prévoit un contrôle accru des installations nucléaires iraniennes, « augmentant la possibilité de détection de toute tentative de fabriquer une arme », a argumenté le ministre britannique.
– ‘Menottes en place’ –
« Maintenant que ces menottes sont en place, je ne vois pas d’avantage éventuel à les mettre de côté. Seul l’Iran bénéficierait de renoncer à ces restrictions sur son programme nucléaire », a-t-il écrit, « la meilleure ligne à suivre serait d’améliorer les menottes plutôt que de les rompre ».
« Nous sommes tout à fait déterminés à sauver cet accord parce que cet accord nous préserve de la prolifération nucléaire et est le bon moyen d’éviter que l’Iran n’accède à l’arme nucléaire », lui a fait écho le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, lors d’une rencontre avec son homologue allemand Heiko Maas.
Ce dernier a estimé que l’accord « rendait le monde plus sûr et que sans lui le monde sera moins sûr ».
« Et nous redoutons qu’un échec conduise à une escalade » au Moyen-Orient, a ajouté le ministre allemand.
Les ministres allemand et français ont assuré vouloir coûte que coûte maintenir le cadre existant négocié avec Téhéran. « Cet accord est, pour nous, respecté, donc nous avons l’intention de nous y maintenir, quelle que soit la décision américaine », a dit M. Le Drian.
Reste toutefois à savoir ce que ferait l’Iran en pareil cas.
Les ultra-conservateurs du pays maintiennent une ligne très dure. Jeudi, un conseiller de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, a affirmé que l’Iran quitterait l’accord si Washington mettait sa menace à exécution.
A l’inverse, le président iranien Hassan Rohani et son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif – les deux principaux artisans de l’accord côté iranien – sont eux restés volontairement vagues.
– Mise en garde de l’Iran –
« Quelle que soit la décision de Trump, nous résisterons », a déclaré dimanche le président Rohani. « Si les États-Unis quittent l’accord nucléaire, vous verrez bientôt qu’ils le regretteront comme jamais dans l’Histoire », a-t-il ajouté.
En vertu de l’accord, l’Iran déclare solennellement ne pas chercher à se doter de la bombe atomique et accepte de brider son programme nucléaire afin d’apporter au monde la garantie que ses activités ne sont pas à visée militaire.
En échange, la République islamique a obtenu la levée progressive et temporaire des sanctions internationales imposées du fait de ce programme, et qui ont fortement nui à son économie.
Mais le président américain, soutenu en cela par Israël qui dénonce l’influence croissante de l’Iran au Moyen-Orient et notamment à ses frontières, ne cesse de critiquer ce texte conclu sous la présidence de Barack Obama.
M. Trump a donné aux Européens jusqu’au 12 mai pour trouver un nouveau texte qui remédierait aux « terribles lacunes » de l’actuel, faute de quoi les États-Unis s’en retireront.
LNT avec Afp