A quelque 100 km de Guelmim, Bab Assahra, dans la direction de Tata, se trouve la province d’Assa, une zone majoritairement rurale de la région Guelmim-Oued Noun. Assa est connue pour sa mythique Ksar de pierres sombres surplombant la palmeraie, fondée au XIIIème siècle par Sidi Yazza Ou Idha. Cette province comprend également la grande station de recherche présaharienne d’Aouinet-Torkoz, fondée par Jean-Bertrand Panouse. On y trouve aussi le Moussem de la Zaouia d’Assa, avec ses 366 marabouts derrière le Ksar, qui marque la partie soufie de la région. Situé à 80km d’Assa, Zag est un petit patelin typique du Sahara marocain avec un climat désertique et aride, qui a connu dans ses environs, la découverte en 2000 d’une météorite.
Assa-Zag, comme on l’appelle, est aussi connue pour être le fief de l’élevage camelin. 70% des populations locales vivent de ce secteur, qui représente effectivement leur source principale de revenus. Ici et comme dans toutes les zones sahariennes et présahariennes, le dromadaire constitue une partie intégrante de la vie des Sahraouis. Sans le chameau, la vie ici n’a aucun sens. Et dans l’ensemble, il s’agit là et pour toutes les régions du Sud marocain, d’une composante fondamentale du patrimoine culturel et socio-économique.
A Assa-Zag, comme dans toutes les régions voisines, les productions tirées du dromadaire sont très variées : lait, viande, laine ou animal de bât. Les races existantes au Maroc, qualifiées de type « Sahraoui », sont la race « Guerzni » de petite taille et de faible production laitière, la race « Marmouri » de taille moyenne avec une bonne production laitière, et la race « Khouari ».
Jeudi 5 avril, la Caravane Agricole Phosboucraa a fait escale, pour sa sixième étape, à Assa-Zag. Objectif : accompagner 350 petits éleveurs et agriculteurs de la province d’Assa-Zag et de la région Guelmim Oued-Noun, et les sensibiliser et les former aux meilleures pratiques en matière d’élevage, d’alimentation et de santé cameline, ainsi que de valorisation des produits issus de cette filière.
Côté nouveautés pour cette 6ème étape, le programme a été étoffé par l’organisation de masterclasses les 3 et 4 avril, au profit de 60 éleveurs sur des thèmes en relation avec l’amélioration de la productivité, et la valorisation des produits comme moyen d’augmenter les revenus des producteurs. Ces sessions de formation spécifiques ont été animées par des experts marocains, mais aussi des spécialistes étrangers présentant l’expérience de leurs pays respectifs en matière de développement de la chaîne de valeur cameline.
Aussi, cette étape est marquée par l’organisation d’un concours de sélection de dromadaires performants, avec des prix alloués aux meilleurs « reproducteurs », « chamelles laitières », « chamelons » et « troupeaux ». Par la même occasion, les éleveurs ont eu l’opportunité d’approfondir leurs connaissances sur la « Campagne Santé Cameline », actuellement menée par la Fondation Phosboucraa, l’ONSSA et les Associations des Eleveurs de Dromadaire, au niveau de la région Guelmim- Oued Noun.
Pour rappel, la « Caravane Agricole Phosboucraa » est une manifestation axée sur l’accompagnement, la sensibilisation et la formation des petits éleveurs-agriculteurs de l’élevage camelin dans les Régions du Sud du Maroc. Cette action de proximité met l’accent sur le secteur de l’élevage camelin avec les volets en insistant sur la conduite des élevages, l’alimentation, la santé animale, et la valorisation des produits issus de la filière cameline.
Depuis le lancement de la « Caravane Agricole Phosboucraa » en 2015, cet évènement a permis d’accompagner plus de 1.666 éleveurs lors des 5 étapes de la Caravane, incluant Laâyoune, Dakhla, Guelmim, Es Smara et Birgandouz.
Mais auprès des éleveurs et des Sahraouis, le chameau est plus qu’un animal. C’est une culture. Car, contrairement à beaucoup d’animaux, le dromadaire se distingue par une nature sensible, malgré son gabarit… Et son élevage nécessite avant tout émotion et amour, dit-on dans le désert. D’ailleurs et depuis des lustres, l’animal a toujours été le fidèle compagnon de l’homme et son serviteur tout terrain dans les conditions climatiques les plus dures.
Hassan Zaatit
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