Après 2003, le Maroc accueille pour la 2ème fois le Congrès Actuariel Africain, rendez-vous récurrent de la profession. Cette 5ème édition du Congrès, organisée par l’Association Marocaine des Actuaires (AMA), en collaboration avec l’Association Actuarielle Internationale (IAA), sous le haut patronage du Roi Mohammed VI, se tient sous le thème « Le développement financier en Afrique, expertise et intérêt public ».
Dans un contexte où le secteur financier, des assureurs aux banques, est de plus en plus complexe, avec des exigences, notamment prudentielles, toujours plus strictes de la part des régulateurs, la fonction actuarielle est devenue incontournable dans le processus de prise de décision d’une institution financière. Pourtant, sur l’ensemble du continent africain, seulement 13 pays disposent d’associations d’actuaires, et seulement 6 d’entre elles sont reconnues par l’IAA. C’est ainsi que ce congrès est une étape importante dans le processus de développement de l’actuariat en Afrique, pour que les actuaires puissent être « encore plus impliqués dans le développement de l’économie africaine », comme l’a expliqué M. Mohamed Amrani, Président de l’AMA, lors de la séance d’ouverture qui s’est tenue jeudi 15 mars au matin, dans un hôtel casablancais.
Une fonction appelée à être développée
La réforme du secteur des assurances au Maroc, à travers l’adoption des normes Solvency II, basées sur le risque, « exige la mise en place d’une fonction actuarielle », selon M. Hassan Boubrik, président de l’ACAPS, qui intervenait également en ouverture. Ainsi, « les actuaires pourront occuper une place de choix au sein des sociétés d’assurance et de réassurance au Maroc », a-t-il poursuivi.
Des propos auxquels a fait écho M. Mohamed Bensalah, président de la FMSAR, qui a ajouté qu’il fallait développer la fonction actuarielle sur l’ensemble du continent, qui « présente des atouts indéniables », mais dont le développement nécessite de « ne pas dupliquer les modèles occidentaux mais tenir compte des spécificités des pays ». Notamment, il a déclaré que « nous avons besoin au Maroc de bâtir nos propres tables de mortalité », car il « est regrettable que le Royaume continue à utiliser des tables venues d’Europe ». Le rôle maintenant transversal de l’actuariat au sein des entreprises doit également pousser la profession à s’organiser et se normaliser encore plus qu’actuellement, et c’est pourquoi M. Bensalah a annoncé que « la FMSAR apportera tout son soutien à l’AMA pour l’élaboration d’un institut des actuaires ».
Pour sa part, M. Masaaki Yoshimura, président de l’IAA, a exprimé sa joie de soutenir « un grand événement », l’une des raisons d’exister de l’IAA étant de « développer et étendre le métier d’actuaire ».
Enfin, M. Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances, a mis l’accent sur l’importance stratégique accordée par le Maroc à la réalisation d’un développement soutenable et soutenu du continent, notamment à travers la promotion de la coopération mutuelle et l’adoption de stratégies de développement tournées vers l’Afrique.
La séance d’ouverture a été suivi d’une présentation de M. Karel Van Hulle, fondateur de Solvency II, qui a expliqué la conception d’un système de solvabilité pour les sociétés d’assurance et de réassurance basé sur le risque.
Le congrès, qui se tient sur deux jours, sera riche en plénières et en ateliers techniques, animés par des sommités de l’actuariat, et qui porteront sur l’évolution de la science actuarielle et ses applications dans le secteur financier.
Selim Benabdelkhalek