L'opposant bahreïni Nabil Rajab (c) quitte le tribunal, le 11 février 2015 à Manama © AFP/Archives MOHAMMED AL-SHAIKH
Le célèbre opposant bahreïni Nabil Rajab a été condamné mercredi à cinq ans de prison pour des tweets dénonçant l’intervention de la coalition arabe dans le conflit au Yémen et des cas de torture à Bahreïn, ont déclaré une source judiciaire et deux ONG.
M. Rajab, l’une des figures des manifestations de 2011 déclenchées dans le sillage du Printemps arabe, avait déjà été condamné à deux ans de prison en juillet dernier pour « propagation de rumeurs et de fausses nouvelles » lors d’interviews télévisées critiquant le pouvoir à Manama.
La condamnation de mercredi a été prononcée par la Haute cour criminelle de Bahreïn, ont précisé une source judiciaire et deux ONG, le Bahrain Center for Human Rights (BCHR) et le Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD).
Nabil Rajab était poursuivi pour des tweets qualifiés « d’insultants » où il était accusé d’avoir critiqué l’Arabie saoudite et ses alliés, dont Bahreïn, pour leur rôle dans la guerre qui se poursuit depuis 2015 au Yémen.
Il était également accusé d’avoir relayé des critiques sur des cas de torture dans la prison de Jaw, à Bahreïn, et d’avoir ainsi « insulté » le ministère de l’Intérieur.
L’opposant a été reconnu coupable d’avoir, dans le contexte du conflit yéménite, « propagé des rumeurs et des fausses nouvelles » et d’avoir « insulté un pays voisin » (l’Arabie saoudite), a indiqué une source judiciaire à l’AFP.
– ‘Il a souri’ –
« Mon père a été condamné à cinq ans de prison et sa première réaction a été de sourire » dans un acte de défi, a indiqué sur Twitter Adam Rajab, le fils du condamné.
« Ce jugement est un exemple criant de la manière dont des tribunaux à Bahreïn répriment la liberté d’expression », a pour sa part estimé Sayed Ahmed Alwadaei, directeur de BIRD.
Le 25 janvier, plusieurs groupes de défense des droits de l’Homme, dont l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), avaient déclaré craindre pour la santé de Nabil Rajab, qui a été hospitalisé à plusieurs reprises en détention.
Le petit royaume de Bahreïn, siège de la Ve Flotte des Etats-Unis dans le Golfe, est dirigé par une dynastie sunnite et secoué par des troubles sporadiques depuis la répression en 2011 de grandes manifestations de la majorité chiite réclamant des réformes.
Des mouvements d’opposition ont été dissous et des dizaines de dissidents emprisonnés et/ou déchus de leur nationalité.
Les autorités nient toute discrimination envers les chiites et accusent régulièrement l’Iran de « déstabiliser » Bahreïn, ce que Téhéran dément.
En dépit de la situation des droits de l’Homme, le président américain Donald Trump a assoupli les restrictions sur les ventes d’armes à Bahreïn, permettant l’an dernier la vente d’avions de chasse F-16.
Cependant, mardi, la porte-parole du département d’Etat américain, Heather Nauert, a exprimé de « très sérieuses inquiétudes » sur le cas de Nabil Rajab, qualifié de « militant renommé des droits de l’Homme ».
LNT avec Afp