![De g à d : M. Mohammed Boussaid, M. Aziz Akhannouch, M. Moulay Hafid Elalamy.](https://lnt.ma/wp-content/uploads/2018/01/ministres.jpg)
De g à d : M. Mohammed Boussaid, M. Aziz Akhannouch, M. Moulay Hafid Elalamy.
Avec les récentes nominations royales, attendues depuis plusieurs semaines, le gouvernement El Othmani est enfin au complet.
Une bonne nouvelle pour tous ceux qui considéraient que l’intervalle entre l’éviction spectaculaire de trois ministres et d’un ministre délégué en octobre 2017 et leur remplacement à la mi-janvier 2018 commençait vraiment à se faire long.
Désormais, les postes et responsabilités assurés jusque-là par des intérimaires forcément pris par leurs propres charges, seront pleinement assumés par des ministres qui, forts de la leçon donnée, sauront que leur nomination sera assortie d’un nécessaire corollaire, celui de la reddition des comptes.
Oui, mais…
Mais, en toutes vérité et franchise, on avouera que ces nouveaux ministres, qu’on ne saurait critiquer avant de les voir à l’œuvre, nous donnent comme un sentiment d’insatisfaction, d’inachevé…
Une telle impression ne vient ni de leurs personnalités, ni de leurs parcours, mais, hormis le ministre délégué aux affaires africaines qui est issu du privé et apolitique, de leurs «marques de fabrique», puisque le ministre de l’Habitat et celui de la Santé sont estampillés Parti du Progrès et du Socialisme, tandis que le ministre de l’Éducation et le secrétaire d’État à la Formation professionnelle sont issus du Mouvement Populaire.
Mis à part la remarque que le PPS aurait pu dégager un architecte urbaniste pour le poste précédemment occupé par M. Nabil Benabdallah et un professionnel de la Santé pour remplacer le Dr Houcine El Ouardi, les choix opérés indiquent que l’on a choisi des fidèles plutôt que des experts…
Et c’est sans doute à ce niveau que le bât blesse…
En effet, bien qu’il ne soit absolument pas question ici de critiquer ou de contester la charpente politicienne qui a présidé à la constitution du gouvernement El Othmani, et encore moins de rejeter la réalité d’une équipe gouvernementale structurée à partir d’une coalition parlementaire, les résultats, en termes de ressources humaines dégagées pour la «ministrabilité» pourraient être bien meilleurs.
Cette remarque, au demeurant, ne vaut pas uniquement pour les PPS et MP, mais pour toutes les formations qui participent au gouvernement.
Certes, ce sont des partis politiques, au rôle incontournable dans l’édifice démocratique national, défini d’ailleurs par des dispositions constitutionnelles aussi claires qu’éloquentes, qui ont la charge de pourvoir aux postes ministériels requis par leur participation à une coalition majoritaire.
Certes, c’est une prérogative essentielle qui leur est dévolue, dans le cadre d’une tradition, celle de présenter plusieurs candidats pour un même poste, et parmi lesquels sera choisi le ministre nommé par le Souverain.
Mais, ces obligations, habitudes, voire traditions ne sont pas incompatibles avec la possession des qualités exigées pour remplir au mieux possible une charge ministérielle de grande envergure…
Aujourd’hui, lorsqu’on examine les profils des membres du gouvernement El Othmani, force est de reconnaître que très peu d’entre eux ont été choisis pour leurs aptitudes reconnues dans les domaines où ils s’activent désormais en tant que titulaires de maroquins ministériels.
A quelques exceptions près, ce sont surtout des dirigeants de partis ou leurs plus proches, des fidèles parmi les fidèles, des obligés que l’on veut récompenser, quand il ne s’agit pas de leaders régionaux ou de chefs de factions.
Le résultat de cette configuration est particulièrement éloquent lorsqu’on examine le «rendu» de nos actuels ministres.
On remarquera, d’ailleurs, que la grande majorité d’entre eux est inconnue du grand public et que plusieurs brillent par leur insignifiance, ou, à tout le moins, leur discrétion…
Un trio d’enfer
Mais, surtout, on se rend compte que seules trois ou quatre figures sortent du lot.
C’est ainsi que M. Akhannouch à l’Agriculture, M. Elalamy au Commerce et l’Industrie, (etc.), et M. Boussaid à l’Économie et aux Finances sont parmi les plus connus, parce que les plus actifs, les plus dynamiques, les plus efficaces.
Ce jugement se veut sinon objectif, du moins honnête et se base, bien évidemment, sur l’importance de la charge qu’ils occupent.
Ces trois responsables ministériels gèrent des départements cardinaux certes, mais chacun peut voir, au vu de leurs activités, qu’ils sont constamment sur la brèche.
Peut-on en dire autant pour les autres, tous les autres, hormis peut-être le chef du gouvernement, qui, de par son rôle de coordination, est également très largement sollicité ?
Et, ce qui interpelle, en termes de capacités et de connaissance des dossiers que ces trois « super ministres » ont à charge, c’est que le vernis politique ou partisan de MM. Akhannouch, Elalamy et Boussaid, pour réel qu’il soit, n’en est pas moins de fraîche apposition.
Les deux premiers sont issus du privé et ont amplement fait leurs preuves en tant qu’opérateurs économiques et hommes de terrain avant d’accéder à des charges publiques, puis d’adhérer à un parti politique, «pour les besoins de la cause» !
Le troisième, après un début de carrière dans la banque, a intégré la haute administration avant d’obtenir ses galons de ministre technocrate, pour rempiler enfin sous l’étiquette du RNI.
En clair donc, ces responsables ont d’abord été des praticiens de l’économie, avant d’entrer dans une carrière politique.
Mais les autres, pratiquement tous les autres, sont d’abord des politiques, des fonctionnaires, (hauts ou moyens), des enseignants, voire des apparatchiks, préalablement encartés et choisis comme tels, à qui on confie des responsabilités ministérielles.
Voilà pourquoi, pour une réelle efficience gouvernementale, pour une optimisation des activités ministérielles, les partis politiques nationaux devraient peut-être «mettre les bœufs avant la charrue» !
Fahd YATA