Un communiqué de presse du Ministère de l’Economie et des Finances relatif à la situation de l’endettement du Trésor et des remboursements du service de la dette à fin Novembre 2017, vient d’être publié.
On y lit qu’à fin novembre 2017, l’encours de la dette du Trésor avait atteint les 685,2 milliards de dirhams, distribué entre dette intérieure et dette extérieure et respectivement de 532,7 milliards de dirhams et 152,5 Mrdh.
Ces chiffres imposent le constat selon lequel le Trésor n’est endetté à l’international qu’à hauteur de 22,2 %, signe d’une bonne maîtrise de son financement extérieur.
On comprend également que la maîtrise de l’endettement public se traduit par la teneur des remboursements au titre du service de la dette ou tombées.
Ces derniers, en effet, ont aisément été assurés par le Trésor courant novembre à hauteur de 8,4 milliards de dirhams, dont 7,9 milliards pour la dette intérieure et 437 MDHS pour celle extérieure.
Le montant du principal de ces remboursements s’élève à 7,3 milliards de dirhams et celui des intérêts à 1,07 MMdhs.
Toutefois ces derniers ne correspondent pas au principal de novembre, pour la simple raison qu’ils cumulent des intérêts versés sur des émissions en cours qui ne seront remboursées qu’à leur échéance.
Il s’avère donc impossible de rapporter les intérêts versés par le Trésor à fin novembre 2017, au principal pour en déduire le coût de la dette publique remboursée.
Le coût de la dette est calculé par le Trésor une fois par an, par le rapport du total des intérêts versés sur une année au stock de la dette de l’année précédente.
Et donc, le dernier coût moyen de la dette du Trésor, intérieure et extérieure confondues, connu est celui de 2016 qui a été de 4,5%.
Par ailleurs, cumulés pour l’année 2017, à fin novembre, les remboursements de la dette du Trésor (principal et intérêts), s’élèvent pour 2017, à 125,5 milliards de dirhams dont 15,8 milliards uniquement de dette extérieure, sachant que la notation (rating) du Maroc et la ligne de soutien du FMI, (LPL), ont permis au Trésor de s’endetter à l’international à un meilleur coût.
Même si le Trésor s’est imposé un recours limité à l’endettement externe et que, de ce fait, pour la troisième année consécutive, il opère de faibles levées nettes à l’international.
Et ce, pour la simple raison qu’il est maître à bord et chef d’orchestre du marché des capitaux domestique, où il redevient l’acteur numéro un parce que principal investisseur.
On ne le taxe plus d’exercer sur le marché son effet d’éviction, bien au contraire, on se demande jusqu’où baisserait la demande de capitaux sans le Trésor.
Avec la baisse des taux et leur maintien à un niveau bas, pour toutes les raisons que l’on connaît, (faible activité économique, déficit de la balance des paiements, etc..), le Trésor en a profité pour alléger le coût de sa dette interne, sachant que le taux des bons du Trésor sur dix ans est à 3,3% quand ceux de 2 et 5 ans, inférieurs à 3%.
Toutefois, en cette fin d’année, le gouvernement vient d’annoncer avoir contracté un prêt de 500 millions de dollars auprès du Fonds Saoudien de Développement, affirmant ainsi un renforcement du financement extérieur du Trésor.
L’encaissement de ce financement a permis au Trésor de se désendetter localement de près de 4 milliards de dirhams sur le mois de novembre 2017.
Et, les chiffres communiqués dans le PLF 2018, en matière d’orientations de l’endettement du Trésor, prévoient un recours au financement extérieur pour un montant net de près de 20 milliards de dirhams l’année prochaine.
Ce montant représenterait un plus haut sur les 10 dernières années, supérieur même aux années 2012 et 2013 qui s’étaient caractérisées par des levées nettes externes importantes, de l’ordre de 15 Mrd Dh sur chaque année et ce face à des tensions sur les finances publiques et sur les réserves de change.
Pour ce qui est des conditions d’endettement du Maroc à l’extérieur, il faut savoir que l’encours de la dette extérieure du Trésor, de 152,5 Mrds Dh à fin novembre, se répartit de la manière suivante :
Les créanciers multilatéraux détiennent plus de la moitié de la dette extérieure du Trésor, soit 53,4%, concentrée principalement sur trois grands institutionnels que sont la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD), la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Européenne d’Investissement (BEI).
Le marché financier international détient 30,8% de la dette extérieure du Trésor et les créanciers bilatéraux les 15,8% restants dont 10% sont entre les mains de pays de l’Union Européenne.
En ce qui concerne les conditions accordées par ces bailleurs, on constate que l’offre de prêts des banques de développement est assortie de plus de flexibilité avec des conditions de financement plus intéressantes (durée, délai de grâce, devises…).
Leur tarification repose sur un taux de référence variable et un spread relativement faible par rapport aux marchés financiers.
Car, sur ces derniers, la dette marocaine sur 10 ans est côtée à un spread de 260 points de base (pbs), en Euro, et de 180 pbs en USD auquel, s’ajoute une prime d’émission respectivement de 40 pbs et 20 pbs, donc un taux de sortie estimé à de 3,30% en Euro et 4,30% en USD pour une émission sur 10 ans.
Cela, alors que la tendance haussière des taux sur ces marchés pourrait renchérir le taux de sortie éventuel du Trésor durant l’année 2018.
Sans conteste donc, le Trésor devrait privilégier le recours aux banques de développement pour son financement extérieur, prévu en nette hausse en 2018 !
Afifa Dassouli