Des soldats philippins quittent à bord de camions la zone de combats de Marawi, le 19 octobre 2017 © AFP/Archives Ted ALJIBE
La bataille engagée il y a cinq mois contre les jihadistes affiliés au groupe Etat islamique qui avaient pris le contrôle de quartiers entiers de Marawi est terminée, a affirmé lundi le gouvernement philippin.
Cette fin des combats vient apaiser les craintes de l’établissement d’une base durable de l’EI dans la plus grande ville musulmane de l’archipel à majorité catholique. Mais les inquiétudes demeurent quant à la menace que constitue toujours ce groupe dans le sud du pays.
« Nous annonçons la fin de toutes les opérations de combat à Marawi », a annoncé à la presse le ministre philippin de la Défense Delfin Lorenzana en marge d’une rencontre sur les questions régionales de sécurité à Clark, dans le nord des Philippines.
« Il n’y a plus de combattants dans Marawi », a-t-il assuré.
Des centaines de jihadistes ayant prêté allégeance au groupe EI avaient pris le 23 mai le contrôle de secteurs entiers de Marawi, utilisant des civils comme boucliers humains.
En cinq mois, 920 combattants jihadistes ont été tués, ainsi que 165 militaires et 47 civils, selon le gouvernement.
Plus de 400.000 personnes ont fui la ville dont certains quartiers ne sont plus qu’un champ de ruines après avoir été pilonnés quasi quotidiennement par des frappes aériennes.
Le président Rodrigo Duterte avait proclamé mardi dernier que Marawi avait été « libérée de l’influence des terroristes ». Cette annonce était intervenue au lendemain de la mort du chef de l’EI pour le Sud-Est asiatique, le Philippin Isnilon Hapilon.
– Retranchés dans une mosquée –
Mais en dépit de l’annonce présidentielle, des combats faisaient toujours rage à Marawi.
Le chef de l’armée Eduardo Ano a expliqué lundi aux journalistes que des jihadistes étaient alors encore retranchés dans « deux bâtiments dont une mosquée ».
« C’est là que les derniers combats ont eu lieu, là que nous avons libéré 20 otages », a dit le général. « Nous avons donné aux militants et terroristes la possibilité de se rendre, mais ils ont choisi de se battre jusqu’à leur dernier souffle. »
Les corps de 42 insurgés ont été récupérés à l’issue de l’ultime bataille. Deux femmes et cinq étrangers figuraient parmi eux, a déclaré M. Ano.
Isnilon Hapilon, qui figurait sur la liste américaine des « terroristes les plus recherchés », avait été tué en même temps qu’Omarkhayam Maute, chef du groupe islamiste Maute, selon l’armée.
M. Duterte, comme les analystes, présentaient Hapilon comme « l’émir » régional de l’EI et le principal artisan de son projet d’y décréter un califat, alors que le groupe subit des revers en Irak et en Syrie.
Les affrontements avaient éclaté le 23 mai après une opération pour capturer Hapilon, lequel était recherché depuis des années, d’abord en tant que chef d’Abou Sayyaf, groupe extrémiste spécialisé dans les enlèvements crapuleux, puis comme chef régional de l’EI.
L’armée philippine avait été clairement prise par surprise.
Apparemment à l’insu de l’état-major, Hapilon avait forgé une alliance avec le groupe des deux frères Maute, à la tête d’un réseau islamiste local, et peaufinait depuis des mois la prise de Marawi.
La tentative de capturer Isnilon Hapilon s’était soldée par un échec mais elle avait incité les jihadistes à précipiter leur attaque contre Marawi.
Le groupe Maute est apparu vers 2012 après plusieurs décennies de rébellion séparatiste musulmane à Mindanao.
Il a été formé par des dissidents du Front Moro islamique de libération (Milf), principal mouvement de la rébellion engagé dans des négociations de paix avec Manille.
M. Duterte avait imposé la loi martiale à l’essentiel du sud de l’archipel après le début du soulèvement de Marawi afin d’éviter une contagion jihadiste.
Interrogé à ce sujet, M. Lorenzana a dit qu’aucune décision n’avait été prise sur une éventuelle levée de la loi martiale.
De son côté, le secrétaire à la Défense américain James Mattis a salué la fin des combats à Marawi.
« Une des premières choses que je ferai là-bas sera de féliciter l’armée philippine pour la libération de Marawi », a déclaré aux journalistes le chef du Pentagone à bord du vol qui l’emmenait à Clark.
LNT avec AFP