Mitch McConnell, chef des républicains au Sénat, à Washington, le 16 octobre 2017 © AFP/Archives SAUL LOEB
Le Sénat américain a donné jeudi de justesse son feu vert pour le lancement de la grande réforme de la fiscalité voulue par la majorité républicaine et le président Donald Trump, avec à la clé une gigantesque baisse d’impôts de 1.500 milliards de dollars.
Les 100 élus de la chambre haute ont ainsi préparé le terrain pour cette réforme politiquement explosive en adoptant une résolution établissant les grandes lignes du budget 2018. Cette première étape a obtenu 51 voix pour, 49 contre.
L’intérêt de la résolution votée jeudi est qu’elle autorise une procédure simplifiée, dite de « réconciliation », pour voter dans les prochains mois la réforme de la fiscalité, avec une clause cruciale: les sénateurs n’auront alors besoin que d’une majorité de 51 voix pour adopter la loi fiscale, au lieu des 60 voix généralement requises au Sénat.
Les républicains ne disposant que de 52 sièges, ils n’auraient alors besoin d’aucune voix démocrate, sauf défections côté républicain.
« Avec ce budget, nous sommes sur la voie pour apporter un soulagement si nécessaire aux Américains, aux familles américaines, qui ont supporté le fardeau d’une fiscalité injuste pendant trop longtemps », a déclaré après le vote Mitch McConnell, chef des républicains au Sénat.
Après l’échec de l’abrogation de la loi sur la couverture maladie de Barack Obama, l’adoption de cette réduction d’impôts historique avant la fin de l’année est désormais la priorité des priorités pour le président Trump et ses alliés du Congrès.
« Franchement, je pense que nous avons les voix pour le vote des réductions d’impôts qui suivront assez rapidement », a estimé M. Trump à la Maison Blanche après l’adoption de la résolution. « Nous pouvons faire quelque chose de très, très spectaculaire si nous mettons en place les réductions d’impôts », a ajouté le président républicain.
Les grandes lignes de la réforme sont une baisse de l’impôt sur les sociétés de 35 à 20%, une baisse de l’impôt sur le revenu pour la plupart des ménages, et la suppression de nombreuses déductions fiscales, au nom d’une simplification.
Les démocrates dénoncent vigoureusement une baisse d’impôts profitant selon eux aux plus aisés, au détriment des fonds destinés à l’éducation, à la santé, aux transports et aux infrastructures.
De leur côté, des conservateurs s’inquiètent du fait que cette réduction de la fiscalité puisse faire exploser le déficit public.
Les promoteurs républicains de la réforme affirment, eux, que le regain de croissance économique compensera ces pertes de recettes fiscales.
Selon l’analyse du Tax Policy Center, les 1% de ménages les plus fortunés verraient leurs revenus nets augmenter de 8,5% en 2018, tandis que le gain serait limité à une fourchette de 0,5 à 1,2% pour les 95% de ménages en bas de l’échelle.
Au total, la réforme coûterait 2.400 milliards de dollars aux caisses fédérales sur la première décennie, selon les mêmes experts, ce qui pose la question de son financement.
Mercredi, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait affirmé que le marché boursier chuterait si la réforme des impôts voulue par M. Trump n’était pas adoptée. « Il n’y a pas de doute que la hausse du marché des actions s’explique aussi par les attentes de l’adoption de réductions d’impôts et de la réforme fiscale », avait-il déclaré dans un interview au site Politico Morning.
LNT avec Afp