M. Horst Köhler, envoyé personnel pour le Sahara du Secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Guterres, a entrepris depuis le 15 octobre une première tournée ex-officio dans la région nord-africaine.
Et comme rien n’est incident, fortuit ou gratuit lorsqu’il s’agit de relations internationales et de mandats onusiens, cette visite d’un « homme neuf », entré en fonction le 8 septembre dernier et en charge d’un dossier extrêmement sensible, celui du Sahara marocain, prend toute son importance avant la présentation d’un rapport d’étape devant le Conseil de Sécurité à la fin du mois d’octobre.
En effet, d’emblée, des signes évidents d’une nouvelle approche, fort différente des précédentes, peuvent être relevés.
Ils pourraient sans doute annoncer que désormais l’appréhension de la problématique du Sahara occidental marocain et du processus de règlement de cette question, ne seront plus déterminés par des aprioris et des automatismes qui n’ont eu pour seuls résultats que l’enlisement et la négation des droits légitimes du Maroc et de son peuple depuis plus de quarante années.
Marhaba M. Köhler
On notera, tout d’abord, que l’envoyé personnel de M. Guterres a entamé sa tournée par une visite dans la capitale du Royaume. C’est, dirons-nous, un premier signal positif, non parce que Rabat a été la première étape de M. Köhler, mais parce qu’il y a reçu les marques d’une considération dont M. Christopher Ross avait été privé entre 2013 et la fin de sa mission au printemps 2017, celles d’une audience royale.
Le fait que le Roi Mohammed VI accorde une entrevue à l’envoyé personnel de M. Guterres signifie avant toute chose que M. Köhler est persona grata au plus haut niveau de l’Etat marocain.
Ce dernier, en outre, a eu l’heur de rencontrer le chef du gouvernement outre la tenue de plusieurs réunions avec son interlocuteur « institutionnel », M. Nacer Bourita, ministre des AE.
Ainsi, la première prise de contact de M. Köhler avec les autorités marocaines s’est déroulée sous les meilleures auspices.
Deuxième point qui mérite d’être relevé et qui exprime une perception différente de celle de M. Ross, l’actuel missus dominicus n’a pas jugé utile de présenter la demande d’un séjour à Laâyoune, une destination que l’ancien ambassadeur américain à Alger affectionnait tout particulièrement dans le dessein d’accréditer l’existence in situ d’une frange la population acquise aux thèses séparatistes.
Mais, au-delà de ces constats préliminaires et qui détruisent les articles fallacieux de la presse algérienne qui annonçait que l’envoyé de Guterres ne serait pas reçu par le Souverain marocain, de nouvelles constantes sont apparues depuis la prise en charge du dossier du Sahara marocain par le nouveau secrétaire général de l’ONU et son représentant personnel.
On ne reviendra pas sur les termes du rapport que M. Guterres avait présenté devant le Conseil de Sécurité en avril dernier où il demandait avec insistance, entre autres, que l’Algérie s’impliquât sérieusement dans la recherche active d’un règlement définitif de la question, que cet Etat autorisât enfin le recensement des populations incarcérées dans les camps de Tindouf, mais aussi que les seules résolutions onusiennes qui méritassent d’être évoquées dans la perspective d’une solution étaient celles et seulement celles faisant référence à un règlement politique, pacifique et négocié. Ce qui avait eu, d’ailleurs, pour effet d’irriter profondément « les frères de l’Est » !
En effet, que cela plaise ou non à Alger et à ses mercenaires séparatistes, il y a aujourd’hui un réel changement de paradigme et celui-ci est porté par la qualité des hauts responsables de l’ONU en charge de cette question.
Les leçons de l’Histoire
M. Guterres est citoyen portugais, ancien Premier ministre dans son pays et ancien Haut-Commissaire de l’ONU aux réfugiés. Il connaît donc parfaitement la question des populations sahraouies retenues en otage depuis plus de quarante années et nulle propagande fallacieuse des mercenaires de Tindouf ne pourra avoir prise sur lui, contrairement sans doute à son prédécesseur sud-coréen, peu averti des questions qui intéressent l’Europe du Sud et le pourtour méditerranéen depuis des décennies.
En outre, le nouveau patron du « machin » new-yorkais est certainement beaucoup moins l’obligé de Washington que ne l’était M. Ban Ki-moon, alors qu’aujourd’hui, à la Maison Blanche, réside un Président sinon isolationniste, du moins très peu versé dans les questions internationales et essentiellement intéressé par la Corée du Nord, l’Iran, la Chine et la Russie !
A ses côtés, un autre Européen et non des moindres, M. Horst Köhler, qui fut Président de la République allemande et Directeur général du FMI.
L’envoyé personnel connaît bien le contexte régional, les questions qui fâchent et celles qui divisent et pourra puiser dans l’histoire franco-allemande le substrat du différend algéro-marocain, alors que nos voisins de l’Est ont souvent été perçus comme les Prussiens du Maghreb, mais sans le génie militaire et politique d’un Bismarck !
MM. Guterres et Köhler ne pourront s’en laisser compter sur la question du séparatisme, de la balkanisation, de l’érection de micro-Etats non viables et constituant des menaces réelles pour la sécurité régionale et internationale.
Avant même d’appliquer ces vérités au Sahara Marocain, l’exemple de la Catalogne, gravissime pour la pérennité et la stabilité de l’Union européenne est suffisamment présent aujourd’hui dans l’esprit de tous pour servir de repoussoir aux prétentions séparatistes, d’où qu’elles viennent.
C’est sans doute en ce sens qu’il y a aujourd’hui ce changement de paradigme évoqué plus haut.
Le Maroc et ses dirigeants en sont pleinement conscients, eux qui disent et répètent à l’envi et de la façon la plus solennelle et ferme qui soit que le Royaume ne renoncera jamais à la marocanité de nos provinces sahariennes.
Une fermeté comprise désormais par les hommes en charge du dossier à l’ONU et si M. Köhler a pour mandat de tenter la relance des négociations entre les parties concernées et avec la pleine implication des parties intéressées (l’Algérie), dans le genre Manhasset, on est fortement porté à croire qu’une seule option sera mise sur la table, celle basée sur la proposition de large autonomie, telle que présentée par le Maroc en 2007.
N’en déplaise à…
Fahd YATA