L'édition 2017 d'Africa Security Forum
Que faire d’internet, et tout particulièrement des réseaux sociaux à l’heure notamment où le cyberespace devient de plus en plus le théâtre privilégié des radicalisations, voire de tous genres de dérives ?
Mais ceci est un autre débat.
Quant à la première partie de cette interrogation, elle a servi de « plat de résistance » lors du premier atelier du Forum Africa Security qui se tient à Casablanca du 8 au 10 octobre courant, en présence d’experts, d’analystes et de représentants de 32 pays.
Pour ce qui est du terrorisme stricto sensu, et de l’avis de beaucoup d’experts en la matière, les réseaux sociaux constituent aujourd’hui l’outil idéal pour la propagande terroriste, l’embrigadement, le recrutement et le financement et, plus loin, un instrument pour plateformes opérationnelles, stratégiques et tactiques.
Marc Hecker, de l’IFRI-France, explique que l’usage d’internet à des fins terroristes était limité au début, notamment du temps d’Al Qaïda, au web dans sa version « primitive ».
Quelques années après, est venue l’étape du ‘‘web 2.0’’ où l’on comptait, dès 2007-2008, plus de 25 mille forums à cette époque.
Mais c’est avec les réseaux sociaux que l’apologie du terroriste va prendre une ampleur plus inquiétante, voire incontrôlable.
Du coup, ce sont des millions et des millions d’internautes qui sont visés. Ainsi, en 2015, pas moins de 2 666 sites pro-Daech ont été créés, générant plus de 3 millions de followers, grâce notamment à des combattants issus de l’Occident.
Pour cet expert-chercheur, il est grand temps de passer à des procédés de suppression des contenus à la source, et cela nécessite une véritable coopération publique-privée ou encore privée-privée.
Mais pour d’autres intervenants, cette option ne peut résoudre la problématique dans le sens où les réseaux sociaux se veulent aussi source de renseignements et d’informations pour les services de sécurité…
D’autre part, la coopération avec les fournisseurs de services tels que Google, Facebook ou encore Twitter n’est pas aussi facile qu’on laisse présager dans le sens où ces derniers agissent en fonction d’un certain nombre de normes et standards et de paramètres financiers et économiques.
Cependant, on notera que depuis 2015, les contrôles sont devenus plus draconiens qu’auparavant.
Ce changement est dû aux attentats perpétrés aux Etats-Unis, à la pression sur les fournisseurs de services internet et l’évolution technologique qui permet, dans certains cas la suppression ou l’exclusion automatique et systématique de contenus terroristes.
Dans le même sens, le Dr Papa Assane Touré, SG-Adjoint du Gouvernement sénégalais estime, quant à lui, qu’au Sahel comme partout dans le monde, le Cyberespace est devenu l’outil incontournable des groupes terroristes pour développer leurs activités criminelles.
‘‘ On a noté que depuis qu’il a prêté allégeance à Daech en 2014, Boko Haram est très présent sur les réseaux sociaux, soit plus de 125 mille comptes qui ont vu le jour depuis cette date’’.
Même son de cloche chez le Général français Marc Foucaud pour qui la montée en puissance des réseaux sociaux alimente davantage la radicalisation, en plus des crises économiques aussi bien internes qu’internationales.
D’après lui, il faut d’abord et avant toute autre choses recourir au politique. « La solution est d’abord politique et non pas militaire et il faut au préalable définir les priorités…sinon on s’épuise ». Parole de militaire !
H.Zaatit