“Polydesign existe depuis 2001 à Tanger Free Zone et elle est le résultat un «green field», c’est-à-dire une création à partir de rien, car il ne s’agissait pas d’un transfert d’activités d’un lieu vers un autre».
C’est par ces propos introductifs que M. Jaber Farouk, «Program & Design Manager» de l’unité tangéroise accueille les journalistes de La Nouvelle Tribune en ce début du mois de juillet 2017.
En effet, le management du groupe avait estimé à l’époque que Tanger avait vocation à devenir une plateforme d’excellence pour leur activité dans le secteur automobile.
Un choix visionnaire
En 2001 donc, un site a été installé pour les métiers de base du groupe, sachant que celui-ci, de son nom EXCO AUTOMOTIVE SOLUTIONS, de nationalité canadienne, possède des usines en plusieurs régions du monde et notamment aux Etats-Unis où se trouve l’usine sœur de Polydesign.
Celle-ci fabrique des filets pour les véhicules et se trouve un des plus gros fournisseurs de Ford, GM, aux Etats-Unis même.
L’idée avait donc germé de faire la même chose pour l’industrie automobile européenne à partir de Tanger.
L’installation à TFZ était pleinement justifiée parce que déjà en 2001, on percevait une réelle dynamique industrielle au Maroc.
Et depuis cette date, Polydesign a largement compris que le risque pris à l’époque, bien calculé, était particulièrement payant et judicieux.
En effet, il y a nombre d’avantages par rapport aux autres sites du groupe et notamment ceux implantés en Europe de l’Est.
Compétition et exemplarité
«Mais la compétitivité de l’entreprise passe par un «foot print», explique M. Aziz Mrigua, Directeur technique de Polydesign, parce que l’entreprise ne peut à elle seule satisfaire la demande mondiale. C’est la raison pour laquelle le groupe a d’autres sites en Europe de l’Est et notamment en Bulgarie.
Cela permet de donner le choix à la clientèle pour le même type de production, mais deux fois sur trois le client préfère choisir le Maroc à la Bulgarie.
Polydesign est notamment plus intéressant en termes de coût de la main d’œuvre, mais aussi au niveau de l’expertise. Le fait d’être européen ne les rend pas meilleurs ou plus performants !
Au contraire, c’est à à Tanger, que se trouvent l’expérience et l’expertise nécessaires pour convaincre n’importe quel client !
Actuellement, l’entreprise compte une trentaine de clients et une centaine de programmes qui tournent dans la même usine, qui emploie actuellement 1600 personnes, après le doublement des effectifs cette année».
Le chiffre d’affaires a augmenté de 30% au terme du premier semestre 2017, sachant que le turn-over des employés est très acceptable, à peine 2% des effectifs.
C’est d’ailleurs un des atouts-maîtres de Polydesign Tanger comparativement à l’autre site bulgare, car la qualité des ressources humaines est bien supérieure !
Pour M. Jaber Farouk, en effet, «les Marocains apprennent, vite, sont fidèles à l’entreprise lorsque les minima sociaux et salariaux sont garantis et ils montent beaucoup plus vite en cadences. La productivité du site tangérois est supérieure au minimum de 10 à 15 % de celle de l’usine bulgare et de l’Europe de l’Est globalement.
D’ailleurs, pour satisfaire la demande, Polydesign a dû recourir à plusieurs extensions de ses installations.
Au départ, l’usine s’étalait sur 8000 m2 et en 2009, la première extension a été réalisée sur la même superficie, soit 16000 m2 au total.
Actuellement, elle procède à une seconde extension, sur 4500 m2 et elle sera prête à la fin du mois d’août.
De plus, à la fin de 2018, Polydesign entamera la construction, sur un terrain tout proche du site actuel, d’une nouvelle installation sur 10000 m2».
L’effet sub-primes
La production a démarré petitement en 2001 par des filets pour voitures, puis il y a eu un gros marché de coiffes de sièges automobiles pour Honda et livrés en Grande-Bretagne.
Et depuis, le chiffre d’affaires, la production, les effectifs, les marchés et les produits fabriqués ont augmenté de façon forte et régulière.
Mais il faut rappeler qu’avec la crise mondiale de 2008, qui a impacté l’industrie automobile partout, Polydesign a subi une baisse de ses commandes, ce qui a amené le management du groupe à réfléchir à une nécessaire diversification des productions et des clients.
Et en 2013, Polydesign comptait déjà plus de vingt clients, pratiquant également une vingtaine de métiers contre deux ou trois auparavant.
C’est ainsi qu’aujourd’hui le site produit toujours les filets, qui représentent le produit de base de Polydesign, en 2004, l’injection plastique a été développée, puis la production de coiffes de sièges a été entamée à partir de 2006, suivie par le gainage des pièces plastiques en 2007. Il y a eu également le cache pour boîtes de vitesses, l’habillage des volants, etc.
Mais, Polydesign a su tirer les leçons de la crise de 2008 où elle avait perdu plus de 60 % de son chiffre d’affaires du jour au lendemain.
Aujourd’hui, avec la diversification, la part de chaque client ne dépasse guère 15% du chiffre d’affaires total, avec comme logique globale, s’assurer que Polydesign, sur ce site, dispose des capacités et du savoir-faire pour, pratiquement, équiper tout l’intérieur d’un véhicule automobile.
D’ailleurs, le site exporte un peu partout en Europe et chaque semaine vingt camions quittent le Port de Tanger Med pour livrer à la clientèle. Celle-ci se trouve en Espagne, au Portugal, en Allemagne, en Angleterre, en France, en Belgique, dans les pays de l’Est, en Russie, etc.
Ce qui permet à l’entreprise de réaliser annuellement un chiffre d’affaires supérieur à 40 millions d’euros.
Pour les déductions et autres incitations fiscales, Polydesign, après cinq années initiales d’exonération totale d’IS, est désormais imposée au taux, fort incitatif, d’ailleurs, de 8,75%.
Et, in fine, Polydesign Maroc, est si exemplaire que son management gère, à partir de Tanger, toutes les filiales du Groupe EXCO Automotive implantées en Europe et notamment les trois sites en Bulgarie et l’unité en Allemagne.
De plus, chaque mois, des équipes tangéroises partent pour l’Europe pour l’assistance, la formation et la maintenance des sites européens..
FY
Vers un approvisionnement local
«Au niveau de la matière première, quasiment tout est importé d’Europe, précise M. Mrigua.
C’est valable pour la fabrication des filets dont le fil, en nylon en polystyrène, provient donc d’Europe. C’est valable également pour le cuir des sièges automobiles et des couvertures d’appui-têtes.
Par contre, certaines pièces en plastique sont produites au Maroc.
Mais, globalement, nos importations représentent 40% environ de nos exportations.
Notre business modèle est bon pour la satisfaction de notre demande en main d’œuvre et nous allons progressivement vers une démarche de sourcing local, pour le fil, le tissu, etc.
C’est d’ailleurs ainsi que se construit un écosystème…»