Ouverture de la 1ère édition du Forum "Entreprises Climat Maroc" de la CGEM
Après avoir créé, en marge de la COP22, l’Initiative Entreprises Climat Maroc (IECM) visant à renforcer les capacités des entreprises dans la gouvernance climat, la CGEM a organisé dans ce cadre, jeudi 6 juillet, la 1ère édition du Forum « Entreprises Climat Maroc » sous le thème «la nouvelle économie à bas carbone et résiliente au changement climatique : opportunités pour les entreprises africaines ».
Cet événement, qui a enregistré la présence de plus de 30 intervenants et près de 400 participants, avait pour objectif de faire le point sur l’évolution de la problématique du changement climatique, d’échanger sur l’avancement des négociations menées dans le cadre de la CCNUCC, mais aussi créer un cadre d’échange et de partage, pour les patronats africains, autour de leurs vision, initiatives et actions climat.
Intervenant à cette occasion, Nezha El Ouafi, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Énergie, des Mines et du Développement Durable, chargée du Développement Durable, a déclaré que la thématique choisie pour cette rencontre est plus que significative, et qu’elle reflète une prise de conscience effective des risques et des opportunités liés au changement climatique.
Mme El Ouafi a annoncé l’adoption de la Stratégie nationale pour le développement durable, qui constitue une référence nationale de toutes les politiques publiques en matière d’environnement et de développement durable.
«L’adoption de la SNDD témoigne de la ferme détermination du Maroc à poursuivre sa marche vers le développement durable et l’économie verte. La mise en œuvre de cette stratégie par les différents acteurs, devrait marquer sans nul doute des modifications importantes dans les modes de production et de consommation, et induire un grand tournant vers une économie verte et inclusive », a-t-elle souligné.
Pour sa part, Salaheddine Mezouar, Président de la COP22, a mis l’accent sur l’engagement du secteur privé, expliquant que celui-ci ne se limite pas à des considérations d’atténuation des changements climatiques, mais couvre également l’adaptation aux changements climatiques et des considérations plus larges de développement, de création d’emploi et de diversification économique.
«La transition requise de nos économies pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris fournit une opportunité positive et substantielle pour une prospérité accrue et un développement durable» a-t-il affirmé. Pour conclure, il explique qu’une économie à bas carbone et résiliente au changement climatique est à la fois une nécessité et une opportunité pour les entreprises africaines : une nécessité compte tenu de la vulnérabilité du continent au changement climatique et une opportunité de redéfinir un modèle de développement propre qui accélérera une co-émergence continentale inclusive et solidaire.
«Nous en sommes pleinement conscients et convaincus que l’entreprise est au cœur de la mutation attendue de nos sociétés. Un partenaire de premier rang pour contenir l’ampleur du changement climatique et ses impacts attendus», a déclaré de son côté Miriem Bensalah Chaqroun, Présidente de la CGEM.
La patronne des patrons a aussi expliqué que c’est le secteur privé qui devrait mettre en oeuvre sur le terrain, dans ses actions quotidiennes, les engagements des Etats et entreprendre les investissements d’adaptation. Il devrait transformer ce qui est perçu comme un frein au développement en opportunité, en levier de croissance à travers l’émergence d’une nouvelle économie verte.
Cet événement a été marqué par la signature de 3 conventions dans le cadre de l’IECM :
- La première entre la CGEM et le Secrétariat d’Etat auprès du Ministère de l’Energie, des Mines et du Développement Durable, chargé du Développement Durable (SEDD)
- La deuxième entre la CGEM, le SEDD et le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
- La troisième, qui est un soutien financier à l’IECM, a été signée entre la CGEM et le Crédit Agricole du Maroc (CAM).
Trois panels ont marqué cette rencontre, durant lesquels plusieurs questions ont été soulevées, notamment : où en sont les négociations climat et quel impact suscitera le retrait des USA de l’Accord de Paris?
Intervenant à ce sujet, Aziz Mekouar, Ambassadeur pour la Négociation Multilatérale-Maroc, a déclaré que même après l’annonce de Donald Trump des entreprises ont quand même continué à travailler en respectant le changement climatique.
«Avant la déclaration de Trump, plusieurs entreprises américaines avaient déclaré à la cour suprême qu’ils avaient un programme sur 20 ou 30 ans pour faire face au changement climatique. Après la déclaration, un certain nombre de villes, plusieurs Etats ainsi que de grandes sociétés ont affirmé qu’ils allaient continuer leurs programmes», a expliqué Mekouar.
Selon Aziz Mekouar, le plus grand impact de cette déclaration pourrait être sur les financements du gouvernement fédéral des Etats Unis aux institutions qui travaillent sur les changements climatiques.
«Le Président Omaba avait promis 3 milliards de dollars au Fonds Verts. 1 milliard a déjà été levé, mais le reste ne suivra probablement pas, ce qui pourrait entraver les actions et réduire les moyens du FV», s’est-il indigné.
L’Ambassadeur s’est réjoui quand même de constater, lors de ses différentes participations à des forums, que la communauté internationale continue de faire des progrès dans ce sens malgré cette annonce. « L’impact de l’annonce de Trump du retrait de l’Accord de Paris causera évidement des problèmes et retardera l’avancement des choses, mais ce qui est remarquable c’est que le reste du monde continue à être mobilisé, extrêmement actif et volontaire pour combattre le réchauffement climatique», a-t-il conclu.
Le Forum a aussi abordé les stratégies et actions concrètes menées par différents patronats africains pour accéder à la nouvelle économie et profiter des opportunités qui en découlent, avec une présentation détaillée de l’Initiative Entreprises Climat Maroc (IECM) et de ses résultats et perspectives.
Asmaa Loudni