Le ministre britannique des Finances Philip Hammond s'adresse aux banquiers et financiers de la City, le 20 © AFP Paul ELLIS
Le ministre britannique des Finances Philip Hammond a défendu mardi une approche douce du Brexit, tenant à rassurer des milieux d’affaires inquiets de la ligne dure maintenue par la Première ministre Theresa May.
« Notre départ de l’UE est en cours » et il faut « s’assurer que le chemin sera doux vers un futur partenariat approfondi et spécial avec nos voisins européens qui protège les emplois, la prospérité et le niveau de vie au Royaume-Uni », a déclaré le Chancelier de l’Echiquier sous les ors de la vaste salle de réception de Mansion House.
M. Hammond s’y exprimait devant la communauté financière londonienne, à la résidence officielle du Lord-maire de la City de Londres. Ce discours très attendu était prévu d’abord jeudi mais avait été reporté à cause de l’incendie meurtrier d’une tour d’habitation dans la capitale.
Construire un chemin sans heurt vers le Brexit « nécessitera toute la compétence et la diplomatie que nous pouvons mobiliser », a prévenu le ministre, au lendemain du coup d’envoi officiel des négociations entre Londres et Bruxelles qui doivent durer deux ans.
La presse britannique se faisait d’ailleurs critique mardi envers le ministre britannique chargé du Brexit, David Davis, partisan d’une ligne dure vis-à-vis de Bruxelles mais qui a dû accepter les conditions de l’UE sur le calendrier des discussions, en particulier sur les droits des citoyens et le règlement financier.
M. Hammond est connu pour sa part pour sa vision plus souple du Brexit, propre à satisfaire les milieux d’affaires inquiets depuis le référendum de juin 2016 des répercussions d’une sortie abrupte de l’UE.
Il se distingue ainsi de la position officiellement sans concession de Londres, défendue par la Première ministre Theresa May qui entend acter la sortie du marché unique. Mais la cheffe du gouvernement est affaiblie depuis son revers aux élections législatives du 8 juin quand elle a échoué à conserver la majorité absolue, et la position du gouvernement dans les négociations semble quelque peu instable.
« Nous quitterons l’UE. Mais cela doit se faire d’une manière qui marche pour le Royaume-Uni », a dit M. Hammond.
S’exprimant après le ministre, le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE) Mark Carney a estimé quant à lui que « les négociations sur le Brexit seront le test » à réussir.
« Puissent les centaines de personnes dans cette salle le passer en travaillant pour des solutions innovantes, de coopération et responsables au bénéfice des autres dizaines de millions de personnes », a-t-il déclaré.
– Champion du patronat –
Pour éviter tout changement brutal, M. Hammond a réitéré son souhait de mettre sur pied des accords de transition, notamment à propos de l’Union douanière.
Sur le sujet sensible de l’immigration, que le gouvernement veut reprendre en main à la faveur du Brexit, M. Hammond a souligné que le Royaume-Uni restait « ouvert au talent, aux idées et aux capitaux qui ont fait le succès de notre économie dans le passé ».
« Nous cherchons à encadrer les migrations mais nous ne cherchons pas à les arrêter », selon lui, au moment où nombre de chefs d’entreprises s’inquiètent d’un tarissement de la main-d’œuvre à l’avenir.
Enfin, le chancelier de l’Echiquier a adressé un message particulier à la puissante City de Londres. Il a dit souhaiter des accords « permanents et fiables » de coopération entre le Royaume-Uni et l’UE sur le plan réglementaire notamment pour assurer la « stabilité financière ».
Les milieux financiers redoutent en particulier la perte du passeport européen qui leur permet depuis le Royaume-Uni de proposer leurs services sur l’ensemble du continent, ce qui pourrait les contraindre à déplacer des emplois hors du pays.
Avec ce discours, M. Hammond semble se présenter comme le champion du patronat britannique qui plaide pour un assouplissement de la ligne de Theresa May avec un Brexit soucieux des entreprises.
La fédération des petites entreprises (FSB) a jugé positivement cette intervention, jugeant que M. Hammond « entend les besoins de la communauté des affaires ».
LNT avec Afp