Des victimes de l'attentat suicide sous un drap blanc, le 19 juin 2017 à Koffa au Nigeria © AFP STRINGER
Des attentats-suicides coordonnés ont fait 16 morts dimanche, dans un camp de déplacés de la périphérie de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, au moment où un village, plus au sud, était victime d’un raid meurtrier et que des combats ont éclaté entre l’armée et le groupe jihadiste Boko Haram, a-t-on appris lundi auprès de différentes sources.
Au total, ces attaques a fait un total de 24 morts dans la population et chez les soldats.
Dans la plus spectaculaire de ces violences, deux femmes ont déclenché leur ceinture explosive -vers 20h45 (1945 GMT)- dans le village de Kofa », qui abrite un grand camp de déplacés du conflit avec les islamiste de Boko Haram, a déclaré le porte-parole de l’agence nationale de gestion des urgences (NEMA), Abdulkadir Ibrahim, « Elles ont tué 16 personnes », a-t-il ajouté.
Des habitants, présents sur les lieux, ont quant à eux donné un bilan de 12 ou 13 morts mais, selon le porte-parole de NEMA, trois blessés ont succombé à leurs blessures à l’hôpital.
Deux autres explosions ont eu lieu quasiment au même moment dans le camp lui-même (Dalori 2), où vivent 10.000 personnes dans des conditions extrêmement précaires, ne faisant aucune autre victime que les femmes kamikazes.
« Les blessés ont été soignés dans l’urgence et transportés à l’hôpital de Maiduguri », a poursuivi M. Ibrahim dans un court communiqué, sans en préciser le nombre.
Dalori se situe à dix kilomètres de la grande ville de Maiduguri et abrite des dizaines de milliers de personnes (près de 50.000 en comptant Dalori 1 et Dalori 2), qui ont du fuir leur foyer à la suite des violences du conflit entre l’armée nigériane et Boko Haram.
– ‘Feu à l’aveuglette’ –
Simultanément, dimanche soir, un raid mené par des combattants de Boko Haram sur le village de Gumsuri, à une vingtaine de kilomètres de Chibok, dans l’est du Borno, a fait 5 morts parmi les civils.
« Les terroristes ont attaqué Gumsuri vers 19h45 (18h45 GMT). Ils ont ouvert le feu à l’aveuglette, tuant 5 personnes », a relaté Bitrus Haruna, un membre des milices civiles posté dans le district.
Son témoignage a été confirmé à l’AFP, par un chef coutumier local, Ayuba Alamson, ajoutant que les combattants « ont été stoppés par les miliciens, qui ont tué 12 d’entre eux et en ont arrêté six autres ».
Non loin de là, sur la route de Damboa, une embuscade contre l’armée a tué trois soldats dimanche après-midi.
« La route est toujours fermée suite aux incidents et un avion de combat survole la zone, visiblement en train de conduire une opération aérienne contre Boko Haram », a dit à l’AFP un milicien, Mustapha Karimbe. Ses propos ont été corroborés par des habitants.
Enfin, les habitants de cinq villages aux alentours de Maiduguri ont fui vers la ville pendant le week-end, de peur de représailles contre l’arrestation de nombreux combattants de Boko Haram dans la zone. Le groupe leur a ordonné d’évacuer les lieux.
Le raid mené par l’armée le mois dernier a « causé des problèmes importants d’approvisionnement pour Boko Haram », explique Babakura Kolo, qui s’est lui-même enfui à Maiduguri, ajoutant que les villageois sont accusés d’avoir « donné des informations capitales aux soldats ».
Un habitant de Malkajeri, l’un des cinq villages concernés, confirme avoir reçu « une mise en garde de Boko Haram deux jours auparavant », les menaçant « de tuer tout le monde si on ne quittait pas les lieux ».
Bien que les violences aient considérablement diminué, les attentats-suicides et les raids sur les villages continuent dans toute la région du Lac Tchad, particulièrement dans l’Etat nigérian du Borno.
La rébellion de Boko Haram, dont une faction a prêté allégeance au groupe Etat islamique en 2015, et sa répression par les autorités ont fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis le début de cette insurrection en 2009.
LNT avec Afp