Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, le 15 juin 2017 à Islamabad © AFP AAMIR QURESHI
Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a été entendu jeudi par une commission chargée d’enquêter sur des accusations de corruption visant sa famille, une affaire déclenchée par le scandale des Panama Papers, et qui a déjà failli lui coûter sa place.
Il est reproché au Premier ministre d’avoir caché la vérité sur les sociétés et biens immobiliers détenus via des holdings off-shore par ses enfants.
Trois de ses quatre enfants sont mis en cause, ses fils Hasan et Hussein et sa fille Maryam Nawaz, pressentie comme son héritière en politique à un an des élections.
Le scandale avait éclaté l’an dernier, lorsque le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) avait publié quelque 11,5 millions de documents secrets émanant du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, les Panama Papers.
En avril, la Cour suprême avait estimé ne pas disposer de suffisamment de preuves pour destituer M. Sharif, mais elle avait mis sur pied une commission d’enquête chargée de rendre ses conclusions dans les 60 jours.
M. Sharif est arrivé jeudi matin dans les locaux de la commission à Islamabad accompagné de son frère Shahbaz Sharif, gouverneur de la puissante province du Pendjab, et d’autres cadres de son parti, saluant les caméras.
Après trois heures d’audition, il s’est montré confiant.
« J’ai rendu compte de la provenance de chaque centime. Tous les détails de mes avoirs ont déjà été communiqués au différentes institutions dont la Cour suprême », a-t-il déclaré à la presse.
« Cette enquête ne porte pas sur des faits de corruption ou d’abus de biens publics, il s’agit des affaires privées et personelles d’une famille », a-t-il affirmé.
Au coeur de cette affaire se pose la question du financement d’appartements londoniens de luxe, détenus par la famille Sharif via des sociétés off-shore gérées par le cabinet panaméen.
La Commission d’enquête, composée notamment de représentants du bureau anti-corruption et des puissants services secrets militaires, tente d’identifier la provenance des fonds.
Les partisans de M. Sharif assurent qu’ils sont légaux et viennent d’entreprises familiales basées au Pakistan et dans le Golfe.
L’opposant pakistanais Imran Khan, ancienne star du cricket et dont le parti PTI a été à la pointe de l’offensive contre M. Sharif, a maintes fois appelé le Premier ministre à démissionner le temps de l’enquête.
La corruption est très répandue au Pakistan, qui figure dans le bas du classement de l’ONG Transparency International, au 116e rang sur 176 pays.
LNT avec AFP