Theresa May à Maidenhead le 9 juin 2017 © AFP Geoff CADDICK
La pression restait maximale dimanche sur la Première ministre britannique Theresa May, qualifiée de « cadavre ambulant » par un ex-ministre conservateur, alors que les discussions se poursuivent avec le DUP nord-irlandais pour arracher une majorité au Parlement.
Theresa May « est un cadavre ambulant », a lancé George Osborne, ministre des Finances jusqu’en 2015, sur le plateau de la BBC , ajoutant, assassin: « la seule question est de savoir combien de temps elle va passer dans le couloir de la mort. »
L’ancien ministre et rival de Mme May, reconverti comme rédacteur en chef du quotidien The Evening Standard, s’est ajouté à la longue liste de ceux qui estiment que la situation de Theresa May est devenue intenable depuis le revers humiliant enregistré jeudi aux législatives anticipées.
La presse britannique estime dimanche que Mme May pourra difficilement conserver les clés du 10, Downing Street au-delà de quelques mois. Le Sunday Times assure même que Boris Johnson se prépare à lui ravir le trousseau. Le ministre des Affaires étrangères a démenti et assuré qu’il était « à 100% derrière Theresa May ».
Le Parti conservateur de Mme May a perdu sa majorité absolue lors de ce scrutin destructeur et dépend désormais du sulfureux parti unioniste protestant du DUP, dont les dix élus permettraient aux Tories (318 députés) d’atteindre les 326 sièges requis pour gouverner tant bien que mal.
Dans une séquence symbolisant le chaos politique dans lequel est plongé le Royaume-Uni, Downing Street a d’abord annoncé samedi qu’un accord de principe avait été trouvé avec l’ultra-conservateur DUP. Avant de rectifier le tir dans la nuit, indiquant qu’aucun marché n’avait encore été conclu.
– « Tentative désespérée » –
« On a bien avancé hier (samedi) mais les discussions continuent », a confirmé dimanche la cheffe du DUP, Arlene Foster, à la chaîne SkyNews, précisant qu’elle devait rencontrer Mme May à Londres mardi.
Ce jour-là, le nouveau Parlement doit siéger une première fois à Westminster, avant la cérémonie d’ouverture solennelle le lundi 19 juin, à la date prévue également pour lancer les négociations sur le Brexit.
Le projet d’alliance entre les conservateurs et le DUP soulève beaucoup de critiques, notamment à cause du conservatisme social du parti nord-irlandais, farouchement opposé au mariage des homosexuels et à l’avortement.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi près de Downing Street en scandant « Raciste, sexiste, anti-gay, le DUP doit partir ». Une pétition dénonçant une « tentative désespérée et choquante pour rester au pouvoir » a déjà recueilli plus de 660.000 signatures.
Au sein même du parti tory, Ruth Davidson, à la tête des conservateurs écossais, a réclamé des assurances en cas d’accord avec le DUP sur les droits de la communauté LGBT, elle qui a prévu de se marier prochainement avec sa compagne irlandaise.
La dépendance vis-à-vis du DUP pose également la question de la neutralité du gouvernement britannique en Irlande du Nord, une région toujours soumise à de fortes tensions, vingt ans après la fin des « Troubles ».
– « Discréditée, humiliée » –
« Soyons clair: ce n’est pas parce que le DUP accepte de nous soutenir sur les questions économiques ou sécuritaires que nous sommes d’accord avec tout leur programme », a commenté Michael Fallon, reconduit au ministère de la Défense.
Le ministre a ajouté qu’il ne s’agissait pas de bâtir une coalition formelle avec le DUP mais de passer un accord qui prévoit son soutien lors des votes importants au Parlement comme celui sur le budget par exemple.
Reste que la pression était toujours maximale sur Theresa May qui a déjà dû lâcher du lest avec le départ de ses deux chefs de cabinet, Fiona Hill et Nick Timothy, fidèles parmi les fidèles.
« Discréditée, humiliée, diminuée. Theresa May a perdu sa crédibilité et son influence dans son parti, dans son pays et en Europe », titrait The Observer.
Arguant d’un besoin de « stabilité » face à l’urgence du Brexit, Mme May a refusé de démissionner et confirmé son intention de débuter « comme prévu les discussions sur le Brexit dans les deux semaines » lors d’une conversation téléphonique samedi avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Le ministre Michael Fallon a laissé entendre que le Royaume-Uni pourrait changer de ton dans ces négociations, en soulevant notamment l’importance de « trouver un accord sur l’immigration qui soit acceptable pour nous ».
LNT avec MAP