La chanteuse américaine Ariana Grande lors du concert One Love Manchester, le 4 juin 2017 © POOL/AFP Danny Lawson
« J’ai un message pour tout le monde : n’ayez pas peur ! », dit Scarlet, neuf ans. Il y a deux semaines, elle a vécu l’horreur au concert d’Ariana Grande. Dimanche, elle est retournée applaudir son idole lors d’un show géant en hommage aux victimes de l’attentat.
Avec sa mère, sa tante et sa cousine, la petite fille était à la Manchester Arena le 22 mai lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser à la sortie du concert de la pop-star américaine, faisant 22 morts, dont sept mineurs, et plus de cent blessés.
Toutes les quatre sont revenues dimanche pour vivre ce concert commémoratif au milieu de 50.000 autres personnes, pour « reprendre confiance » en la vie, a expliqué à l’AFP sa mère, Rachel Jea, 32 ans.
« On avait le choix entre venir ici ou rester terrées, dans la peur, à la maison. Nos grand-parents ont surmonté deux guerres mondiales pour que nous puissions vivre en paix et voilà que ça recommence », a-t-elle ajouté, évoquant l’attentat de Londres qui a fait sept morts samedi soir.
« Je veux dire à tout le monde : n’ayez pas peur ! », a alors lancé la petite Scarlet, ajoutant en prenant son air le plus sérieux : « Ce concert est bien pour Ariana aussi car ce n’est pas de sa faute ce qui s’est passé ».
Justin Bieber, Katy Perry, Coldplay, Robbie Williams, Pharrell Williams, Miley Cyrus, les Black Eyed Peas, etc., une pléiade de stars a fait le spectacle pendant les trois heures de ce concert baptisé « One love Manchester », dont les recettes seront entièrement reversées aux victimes.
Une minute de silence a été observée avant l’entrée en scène des artistes auxquels s’est joint Liam Gallagher, ex-chanteur d’Oasis et invité surprise de dernière minute.
-‘Je vous aime tant’-
Ariana Grande, qui a clos le concert en interprétant la chanson « Over The Rainbow », a été particulièrement applaudie. Notamment en reprenant avec le groupe Coldplay le tube d’Oasis devenu un hymne de résistance : « Don’t Look Back in Anger ».
Enchaînant les duos avec d’autres artistes, Ariana Grande a également été accompagnée par un choeur de vingt-quatre élèves de l’école de Parrs Wood dont certains étaient à la Manchester Arena le 22 mai, faisant couler des larmes sur scène et dans le public.
« J’aimerais vous remercier d’être si forts, si unis, si aimants. Je vous aime tant », a lancé Ariana Grande au public, souvent très jeune.
Avant de raconter comment la mère de l’une des victimes, Olivia Campbell, 15 ans, lui a dit que sa fille n’aurait pas aimé voir des larmes dimanche soir mais « entendre des tubes ».
Le public lui a répondu en pleurant certes un peu, parfois, mais surtout en chantant et en dansant, à l’instar d’un policier en gilet jaune aperçu dans la foule.
Des milliers de Mancuniens avaient fait la queue autour du stade de cricket de Manchester plusieurs heures avant l’ouverture des portes.
Ils étaient protégés par un impressionnant dispositif de sécurité, avec des policiers lourdement armés, certains arrivés en renfort de Londres.
-‘Abrutis’-
Dans le public, une majorité d’adolescents, accompagnés ou non par leurs parents, portant des bracelets « we stand together » (« nous sommes ensemble »), des serre-tête oreilles de chat et des t-shirts abeille, un insecte devenu le symbole de la résistance de toute une ville face à la terreur.
« Rien ne nous vaincra », assurait Myriam Fletcher, venue de Hull, avec sa fille Michelle, 21 ans.
Des milliers de personnes présentes dimanche avaient vécu l’horreur de près le 22 mai. Certains blessés assistaient au concert en chaise roulante.
Abdullah Mala, 34 ans, s’y est rendu avec sa fille Hannah, huit ans, qui elle aussi était à la Manchester Arena et a le même âge que la plus jeune des victimes. Mais « heureusement, elle est sortie avant la dernière chanson », a dit son père, ému, à l’AFP.
« J’y ai réfléchi à deux fois avant de venir ce soir. Mais on ne peut pas laisser ces abrutis gagner. Je viens d’une famille musulmane. C’est un mois sacré pour les musulmans, un moment pour prier et donner aux pauvres. Ces gens-là ne croient en rien de tout ça », a-t-il ajouté, enlaçant tendrement sa fille.
LNT avec AFP