Le gouvernement a décidé d’asseoir une communication permanente au sujet des personnes arrêtées suite aux derniers incidents survenus dans la ville d’Al-Hoceïma, a affirmé, jeudi, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, porte-parole officiel du gouvernement, Mustapha El Khalfi.
Le gouvernement est « soucieux de communiquer en permanence pour éviter qu’une image inexacte et erronée ne soit conçue au sujet des cas d’arrestations », consécutives aux incidents survenus dernièrement à Al-Hoceïma, a indiqué M. El Khalfi, lors d’un point de presse au terme de la réunion hebdomadaire à Rabat du Conseil de gouvernement, ajoutant que « les portes du dialogue demeurent ouvertes avec la société civile, les instances élues et toute autre partie qui le désire (…) ».
Lors de ce Conseil, le chef du gouvernement a exhorté les ministres à effectuer des visites de terrain et à rencontrer les citoyens et les instances locales pour amorcer un dialogue avec eux et être à leur écoute, a poursuivi M. El khalfi, notant que ces « mécanismes » relèvent d’un mode opératoire que le gouvernement a adopté et auxquels il continuera d’adhérer.
Ces mêmes « mécanismes », a-t-il dit, s’ajoutent désormais à d’autres approches que le gouvernement a adoptées, en l’occurrence l’accélération de la mise en oeuvre des projets, l’application de la loi, la protection des biens et la sécurité des personnes, ainsi que le respect des garanties d’un procès équitable.
Le gouvernement suit de près les problématiques liées aux droits de l’Homme, inhérentes aux manifestations et aux protestations à Al-Hoceïma de même qu’il oeuvre de concert avec la Commission régionale des droits de l’Homme, a-t-il rappelé, ajoutant que cette coordination a donné lieu à des résultats « positifs ».
Le tribunal de première instance d’Al-Hoceïma a décidé de poursuivre sept personnes en état de liberté (auxquelles d’autres cas se sont ajoutés) et de classer sans suite les dossiers de sept, outre la poursuite d’autres personnes en état d’arrestation, a rappelé M. El Khalfi, indiquant que les données exactes à ce sujet sont régulièrement communiquées par le procureur général du Roi.
A cet égard, le ministre a appelé les différentes parties qui diffusent certaines photos des personnes interpellées à respecter le principe de la confidentialité de l’enquête et de la présomption d’innocence, soulignant que le nombre des personnes arrêtées et présentées devant la brigade nationale de la Police judiciaire s’élève à 31.
Le ministre a, par ailleurs, fait savoir que l’Agence de développement des provinces du Nord a, à elle-seule, lancé, depuis le début de l’année jusqu’au mai dernier, 170 marchés et appels d’offre, pour un investissement global dépassant un milliard de dirhams, ajoutant que le gouvernement demeure mobilisé pour mettre en œuvre et parachever l’activation des projets programmés à Al-Hoceïma.
Sur les questions et allégations qui circulent sur une prétendue torture qu’auraient subi des personnes arrêtées, le ministre a précisé que ces cas seront soumis à une expertise médicale et une enquête à ce sujet sera diligentée. La loi sera appliquée si un cas de torture est avéré, a-t-il affirmé.
A une question sur l’incitation à la violence à l’encontre des personnes interpellées, M. El Khalfi a dit « qu’on ne peut, en aucun cas, admettre de tels agissements, quel qu’en soit le degré », ajoutant que « le chef du gouvernement a appelé, lors du Conseil d’aujourd’hui, à appliquer la loi, de sorte à protéger les biens et garantir la sécurité des individus, ainsi que la paix et la stabilité du pays ».
Il s’agit d’une orientation et d’un choix qui ne se limitent pas exclusivement à Al-Hoceïma, mais s’étendent à l’ensemble du territoire national, a insisté le ministre, rappelant que le Conseil de gouvernement réaffirme le respect de toutes les procédures relatives à la poursuite et au procès équitable.
Le ministre s’est, toutefois, gardé de commenter les accusations sur de présumés transferts d’argent que les personnes interpellées auraient reçus de l’étranger, affirmant que seule la justice est habilitée à se prononcer sur cette question.
Les droits de la défense des personnes arrêtées sont « garantis », a-t-il poursuivi, faisant état de l’attachement du gouvernement au respect de la confidentialité de l’enquête.
M. El khalfi a, dans ce sens, démenti catégoriquement les allégations sur une prétendue militarisation d’Al-Hoceïma, précisant que le Dahir relatif a la militarisation a été abrogé en décembre 1959, en vertu d’un texte juridique clair.
Sur la présence des forces de l’ordre dans la région, M. El Khalfi a réaffirmé que c’est la loi qui régit l’action et l’intervention de ces corps, appelant à soumettre les observations soulevées à ce sujet aux organes concernés.
Les événements ayant connu une intervention des forces de l’ordre lors des sept derniers mois à Al-Hoceïma demeurent « très limités », a fait remarquer le ministre, ajoutant qu’au cours de cette période, plus de 700 sit-in ont été observés dans cette province, dont 150 à Al-Hoceïma, soit une moyenne de 4 sit-in par jour, au moment où 30 manifestations ont lieu chaque jour au niveau national (statistiques 2016).
A ce propos, M. El Khalfi a réaffirmé que les revendications des protestataires sont légitimes et que le droit de manifester est garanti conformément à la loi et et aux responsabilités liées au respect de la loi.
LNT avec MAP