Des milliers de migrants étaient encore en détresse vendredi au large de la Libye, alors que les quelque 6.400 secourus ces derniers jours arrivaient en Italie ou étaient encore en route, dans des conditions souvent difficiles.
En raison du sommet du G7, les débarquements sont interdits cette semaine en Sicile, ce qui rallonge considérablement le trajet des navires de secours.
« C’est une journée d’exode massif », a déclaré à l’AFP le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine libyenne, en évoquant au moins une vingtaine d’embarcations surchargées au large de Sabrata (nord-ouest).
Des gardes-côtes libyens, des navires commerciaux et des bateaux de pêches étaient engagés dans les secours, en coordination avec les gardes-côtes italiens, qui ont eux-mêmes confirmé de « nombreuses » opérations devant se poursuivre jusque dans la soirée.
« Heures d’angoisse avec des milliers de personnes à la dérive en Méditerranée. Les secouristes demandent des renforts, où il y aura encore des tragédies », a commenté Carlotta Sami, porte-parole en Italie du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), alors que plusieurs ONG s’interrogeaient: « Où sont les navires européens ? Où est Frontex ? ».
Aucun élément n’était disponible dans l’immédiat sur d’éventuelles situations critiques, comme celle où au moins 35 personnes sont mortes mercredi quand des centaines de migrants sont tombés à l’eau.
Jeudi, deux cadavres ont aussi été retrouvés au fond d’un canot et 7 autres dans une zone où 77 personnes ont été retrouvées dans un « état critique » après avoir survécu deux jours agrippées à un canot pneumatique probablement parti avec 100 à 140 personnes à bord.
– Ni eau, ni vivres –
Dans le même temps, plus de 6.400 personnes secourues entre mardi et jeudi au large de la Libye ont pris la direction des côtes sud de l’Italie, dont environ les deux-tiers vendredi.
La Croix-Rouge italienne a annoncé que 250 bénévoles étaient mobilisés depuis l’aube dans les ports concernés, en particulier pour aider au regroupement des familles dont les membres ont été séparés au moment de l’embarquement ou du secours.
La tâche est délicate, d’autant que les migrants sont souvent répartis dès l’arrivée au port vers les innombrables centres d’accueil qui hébergent déjà quelque 175.000 personnes à travers toute l’Italie.
Pour les migrants déjà secourus mais encore en mer, la situation était souvent difficile: les navires commerciaux n’ont ni eau, ni vivres, ni couvertures à leur fournir, alors que les côtes sud de l’Italie sont à 48 heures de navigation, contre 24 heures pour la Sicile.
Le Prudence, affrété par Médecins sans frontières, a lancé un appel à l’aide vendredi, alors qu’il faisait route vers Naples, avec plus de 1.400 personnes à bord, le double de sa capacité.
Depuis le début de l’année, l’Italie a vu débarquer plus de 50.000 migrants sur ses côtes, sans compter ceux secourus ces derniers jours, tandis qu’au moins 1.442 autres sont morts ou disparus en mer selon l’ONU.
Si les arrivées du début d’année ont marqué une hausse de 30% par rapport à 2016, l’actuel afflux n’a rien d’exceptionnel. Il y a exactement un an, plus de 13.000 personnes avaient été secourues en 5 jours fin mai 2016, tandis que plus d’un millier d’autres avaient trouvé la mort.
LNT avec Afp