Dans un article mis en ligne le 19 mai dernier sur le portail www.lnt.ma, (https://lnt.ma/al-hoceima-zefzafi-banque-mondiale/) au lendemain même de la grande manifestation organisée par Hirak à Al Hoceima, il était souligné une évidence qui, heureusement, a fini rapidement par s’imposer à tous.
Cet éditorial stipulait, entre autres, que « Zefzafi et les siens, ce n’est rien d’autre que la matérialisation sur le terrain des constats du Rapport de la Banque Mondiale qui vient d’être rendu public… ».
Une évidence bien partagée par les lecteurs de notre portail puisqu’ils ont été près de 51 000 à lire cette analyse !
Le miroir rifain
Car, il faut bien le dire et la suite des événements a confirmé cette impression, Al Hoceima était devenue, en l’espace de quelques semaines, le réceptacle et le porte-voix de toutes les frustrations sociales et économiques du pays.
Certes, il y a bien eu, en marge de cette manifestation (et des précédentes) quelques velléités séparatistes, des propos fortement déplacés, des exigences outrancières, en une dérive que ne récuseraient pas les derniers rejetons du paléo-gauchisme.
D’ailleurs, certains, dans leurs cercles ultra-minoritaires, s’imaginaient déjà que « la révolution était en marche dans le Rif », tandis que la presse algérienne, toujours en quête d’exploitation malhonnête, croyait y voir la résurgence du #Feb20 !
Mais les voilà tous « Gros Jean comme devant », parce que les plus hautes sphères de l’Etat ont pris la sage et expresse décision d’envoyer « en mission commando » une belle brochette de responsables ministériels et de dirigeants d’entreprises publiques.
Ceux-ci ont quasiment adopté la démarche de Jules César, puisqu’ils sont venus, ont vu et ont convaincus.
Ils ont pris l’engagement devant les représentants les plus qualifiés de la société civile d’Al Hoceima de tout mettre en œuvre pour que les projets multiples de développement, en termes d’infrastructures de base, d’Education, de Santé publique, de loisirs, etc., seront menés tambour battant afin de rattraper les retards enregistrés dans leur concrétisation.
Car c’est le seul axe revendicatif des habitants de cette région rifaine, pour très important qu’il est bien évidemment, qui méritait et mérite toujours d’être entendu et satisfait dans les délais les plus rapprochés.
Sans cette initiative royale, ô combien bienvenue et nécessaire, qui a permis de calmer les esprits et d’éteindre des braises sur lesquelles des apprentis sorciers (Zefzafi et consorts) s’efforçaient de souffler avec force, nul ne sait ce qui aurait pu advenir alors que le gouvernement et les partis de la majorité penchaient vers la solution répressive et que certains éditorialistes se faisaient les porte-paroles des sécuritaires les plus intransigeants…
La sagesse et la retenue, qui sont les marques de l’intelligence, commandaient cette appréhension dépassionnée et cette volonté de rencontrer « les masses » sur le terrain même de leur mobilisation.
Et, avec honnêteté, pondération, souplesse et volonté claire de dialogue, les ministres missionnaires ont parfaitement réussi ce qu’il leur était demandé, c’est-à-dire expliquer, reconnaître, promettre fermement ce qui pouvait être fait dans les délais les meilleurs.
Car, les habitants d’Al Hoceima, comme tous les autres Marocains, ne sont pas des jouets manipulables à l’envi entre les mains d’agitateurs stipendiés, même si ceux-ci sont certainement présents et à l’œuvre !
Ils sont patriotes, responsables, clairvoyants, mais en colère !
Pacta sunt servanda
Et leur ire est parfaitement justifiée parce que ce qui avait été lancé par le Roi Mohammed VI, lors de sa tournée dans la région en 2015, a tardé à connaître une concrétisation.
Ce qui devait se faire dans le cadre du programme de développement spatial de la province d’Al-Hoceima, (2015-2019), baptisé « Al-Hoceima, Manarat Al Moutawassit », n’a pratiquement pas été réalisé et les ministres présents à Al Hoceima ont reconnu que des retards inadmissibles avaient été enregistrés, suscitant donc par réaction, la mobilisation permanente et largement justifiée de larges couches de la population locale.
Les choses vont de plus en plus rentrer dans l’ordre, à mesure que ces nouvelles promesses officielles seront exécutées, sachant que l’Etat, in fine, a mis au moins 10 milliards de dirhams sur quatre années pour ce plan de développement régional.
Mais, puisqu’il y a volonté de répondre aux sollicitations populaires et dialogue serein et positif, il serait bon que le principe, inscrit dans la Constitution de juillet 2011, celui de la reddition des comptes, soit également appliqué et de la manière la plus convaincante qui soit en cette occasion.
En effet, ceux qui portent une responsabilité dans les retards enregistrés, dans l’absence de mise en œuvre des projets budgétisés, dans l’adoption de démarches laxistes, devraient payer le prix de leur incurie et de leur incompétence.
Par leurs comportements coupables, ils ont gravement mis en danger la paix publique, la sécurité des biens et des personnes, et surtout, permis à certains de tenter de s’élever contre les institutions nationales et les sacralités du Royaume.
Cela, en d’autres termes, s’appelle de la haute trahison !
Et plutôt que d’inciter les autorités publiques à sévir contre de petits agitateurs qui fomentent quelques feux de paille, il vaudrait sans doute mieux nettoyer en profondeur les circuits, administratifs ou autres, qui ont ainsi dénaturé les instructions royales, saboté les initiatives de l’Etat, suscité, par leur incompétence, la tentation de la sédition.
Ceux-là doivent payer pour que chacun comprenne, du côté de la gouvernance comme de celui de la société civile, que personne ne doit, ni ne peut jouer avec les engagements solennels du Roi, dont chacun mesure et apprécie la mobilisation totale et permanente envers son peuple.
Ainsi, Al Hoceima et son issue heureuse serviront d’exemple positif à tous afin que des démarches identiques soient entreprises dans d’autres régions du Royaume et que les responsables, de quelque importance qu’ils soient, soient à la hauteur des missions et des mandats qui leur auront été confiés !
Fahd YATA