Mark Fields, le PDG de Ford, lors du salon automobile de Los Angeles, le 15 novembre 2016 © AFP/Archives FREDERIC J. BROWN
Le constructeur automobile Ford, confronté à une baisse de ses ventes et du cours de son action, a remplacé lundi son PDG Mark Fields par Jim Hackett, un homme du sérail spécialiste des véhicules autonomes.
M. Fields, 56 ans, avait pris la tête du constructeur de Dearborn (Michigan, nord) il y a tout juste trois ans et l’a engagé dans une stratégie visant à privilégier le développement de ce type de véhicules, capables de se conduire seuls. Mais il a été victime du trou d’air que traverse actuellement le marché automobile américain après plusieurs années de progression.
Jim Hackett, 62 ans, était jusqu’ici responsable de la division des véhicules autonomes et technologies ce qui indique que Ford va toutefois poursuivre dans la voie tracée par Mark Fields. M. Hackett, qui a dirigé le groupe de meubles de bureau Steelcase, avait rejoint Ford l’an dernier.
« Nous partons d’une position de force pour transformer Ford pour l’avenir », a affirmé Bill Ford, le président exécutif du groupe et descendant du fondateur du groupe Henry Ford, cité dans le communiqué. « Jim Hackett est la bonne personne pour diriger Ford pendant cette transformation de l’industrie automobile et de la mobilité en général », a-t-il ajouté, qualifiant le nouveau PDG de « visionnaire ».
Jim Farley, un ancien de Toyota, actuellement à la tête de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique, sera propulsé numéro 2 avec le titre de président. Il a notamment permis à Ford de renouer avec la rentabilité sur le marché européen, alors que le premier constructeur américain, General Motors, a choisi de s’en retirer en vendant sa filiale Opel/Vauxhall au français PSA.
L’action Ford a perdu plus de 38% de sa valeur depuis l’arrivée de Mark Fields. Contrairement à General Motors et Chrysler, le groupe avait toutefois été le seul à ne pas faire faillite et devoir recourir à une aide des pouvoirs publics lors de la crise financière de 2008. Chrysler a depuis été racheté par le groupe italien Fiat.
– Course contre la montre –
Après avoir considérablement progressé depuis 2010 avec la reprise économique, le marché automobile américain connait toutefois un passage à vide, ainsi que le marché chinois.
Ford, en raison d’une politique d’investissement tous azimuts dans la voiture autonome a aussi vu ses bénéfices plonger de 38% en 2016, une tendance qui s’est confirmée au premier trimestre.
Résultat: la marque à l’ovale bleu a récemment annoncé la suppression de 1.400 emplois en Amérique du Nord et en Asie pour améliorer sa rentabilité. Cette réduction de voilure survient alors que les constructeurs automobiles américains se sont pourtant engagés auprès du président américain Donald Trump à rapatrier aux Etats-Unis leurs emplois délocalisés, notamment au Mexique. Ford avait ainsi annoncé fin 2016 renoncer à construire une usine géante au Mexique qui devait fabriquer ses voitures de bas de gamme.
Une course contre la montre oppose actuellement les constructeurs automobiles classiques à Alphabet (Waymo), Apple, Uber et Tesla pour développer et commercialiser une voiture pleinement autonome d’ici 2020.
Les marchés financiers semblent actuellement préférer parier sur Tesla plutôt que sur les constructeurs traditionnels. Le constructeur de voiture électrique, malgré sa faible production, est passé devant Ford puis GM au rang de premier constructeur automobile américain en terme de capitalisation boursière.
Les investisseurs estiment que Ford tarde à tester sur route sa flotte de voitures autonomes et son absence du marché des véhicules électriques alors que GM vend depuis des mois la Chevrolet Bolt, une voiture électrique de moyenne de gamme, et augmente les tests de ses véhicules autonomes.
L’objectif de Mark Fields était de vendre 13 modèles électriques dans les cinq prochaines années et une voiture autonome en 2021 mais cette stratégie tardait à se concrétiser.
« Le Conseil d’administration a été frustré par la baisse de près de 40% de l’action Ford puis que Mark Fields a remplacé Alan Mulally en juillet 2014. Nous pensons que le titre de Ford est sous-évalué mais, compte tenu du fait que le marché automobile a atteint son sommet l’an dernier, nous ne voyons pas quelle initiative Hackett peut prendre à court-terme pour dynamiser le cours de l’action, en dehors du changement de PDG qui apporte aux marchés quelque chose de neuf », ont estimé les analystes de Morningstar dans une note.
Suite à l’annonce du changement de PDG, l’action Ford progressait de 1,52% à 11,03 dollars à l’ouverture de Wall Street.
LNT avec AFP