La Chine, phénomène économique de l’heure, est à prendre au sérieux, tient à souligner l’ancien ministre socialiste de l’Economie et des Finances Fathallah Oualalou, invité récemment à la CFCIM pour un débat sur ‘‘Le Maroc, l’Afrique, l’Europe, face à la Chine’’. Et de poursuivre dans le même sens que « toute économie est invitée aujourd’hui à tenir compte de la Chine, une économie présente en force dans l’économie mondiale, mais au lieu d’avoir peur de ce pays, il faut plutôt travailler avec ».
Pour l’économiste par excellence de l’USFP, il ne s’agit pas là d’une économie en développement, ou encore une économie émergente : « Bien au contraire, la Chine est aujourd’hui une économie puissante inquiétant même les grandes puissances économiques à leur tête les Etats Unis d’Amérique qui, paradoxalement, revient sur le protectionnisme au moment où une Chine maoïste défend le libéralisme et la mondialisation ». Et il faut préciser, rappelle l’ex-maire de Rabat, que face à l’essoufflement des économies du Nord, la Chine s’impose en leader : « Le pays est premier en industrie, en NTIC, en économie verte, en automobile…il est même premier pollueur ». Certes, le taux de croissance n’est plus à deux chiffres depuis 2014, passant de 14% à 6,5%, et la Chine a revu son modèle socio-économique, en s’armant de plusieurs milliards de dollars, s’offrant par la même occasion ‘‘de nouvelles routes commerciales’’. La première est énergétique vers la Russie. La deuxième est ferroviaire vers l’Allemagne, et la troisième est maritime pour débarquer en Méditerranée vers l’Afrique.
En Europe, la Chine a surclassé le premier partenaire économique de ce Continent en 2014, à savoir les Etats-Unis, explique Oualalou pour qui le contexte devient davantage critique à l’heure d’une Union divisée politiquement et économiquement. Un contexte de crise mondiale, certes, mais qui n’a rien à voir avec celui de 1929 où le monde entier était économiquement chaotique, tient toutefois à souligner Oualalou : « La chance aujourd’hui, c’est que la Chine assure la locomotive d’une économie mondiale en difficultés économiques majeures ».
Pour le Maroc, la logique est autre, selon Oualalou : « Il s’agit d’abord un partenariat sud-sud ». Il s’agit également d’une vision commune où les deux pays partagent pour une Afrique développée et dynamique : « En Afrique du sud en 2015, la Chine a décidé, au terme du meeting sino-africain, le transfert de capitaux public et privé, à hauteur de 60 milliards de dollars, vers l’Afrique ». Pour Oualalou, il s’agit là d’un nouveau mode de partenariat et c’est dans ce cadre qu’intervient la vision royale pour l’Afrique : « La primauté est à l’économie dans un monde qui cherche aujourd’hui à se démondialiser en faveur de la régionalisation ».
Pour conclure, Oualalou estime que « la démondialisation est bonne pour la régionalisation ».