Depuis quelques années, le Royaume a adopté différents programmes visant à changer les normes sociales, à éliminer la pauvreté, la précarité et lutter contre l’exclusion.
L’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH), lancée par le Roi en mai 2005, a été conçue pour promouvoir la prise d’initiatives, la responsabilisation et la cohésion sociale.
Entre 2006 et 2010, l’INDH a déployé une enveloppe de 10 milliards de DH à raison de 2,5 milliards par programme.
La coopérative El Baraka pour le tissage B’zioui, présidée par Mme Fatima Zahra Erramadani, a bénéficié de l’un des 4 programmes de l’initiative notamment le programme transversal 2010.
Le projet, dont le coût global était de 40 000 dhs, fut financé à hauteur de 70% par l’INDH. Une aide reçue sous forme de matières premières en appui au tissage traditionnel B’zioui.
«Nous avons proposé notre projet à l’INDH en 2010 et après une étude du dossier, notre projet a été accepté et nous avons reçu une aide de 40 000 dhs. Aujourd’hui, la coopérative compte 20 femmes, soit 20 familles bénéficiaires de 4 villages de la collectivité territoriale de Bzou, à savoir Lmederssa, Laâtef, Tinwanine et Aqermoud.» explique Mme Erramadani.
Créée en 2009, la Coopération El Baraka a vu le jour grâce à M. Omar El Basri, enseignant dans la région de Bzou, et président fondateur de l’association Annajah. «Nous devons beaucoup à ce monsieur qui nous a encouragé et aidé dans notre projet» raconte Fatima Zahra Erramadani.
Licenciée en littérature arabe, mariée et mère de deux enfants, Mme Erramadani a pu bénéficier, grâce à ce projet, de la matière première de tissage de la djellaba bziouya, chose qui lui a permis de ne pas s’endetter vis-à-vis de ses fournisseurs et d’avoir un fond de roulement pour son affaire.
«Les femmes de la coopérative n’avaient pas les moyens d’acheter la matière première pour fabriquer les djellabas. Grâce à l’INDH, elles bénéficient désormais d’une aide pour pouvoir travailler. Si avant, chaque femme réalisait une djellaba en 2 ou 3 mois, aujourd’hui elle en fait une par mois, et ça peut aller jusqu’à 2 si elle est aidée par une autre femme dans la confection de son produit», précise Fatima Zahra Erramadani.
Cette initiative a permis à ces femmes bénéficiaires d’améliorer leurs revenus en produisant plus, cependant elles rencontrent de nombreux problèmes pour commercialiser leurs produits.
En effet, les djellabas fabriquées par les femmes de la coopérative sont généralement vendues au marché local, ou ce qu’on appelle «Souq Dlala», entre 1500 dhs et 1750 dhs. Une somme qui ne profite pas à ces femmes puisqu’elles n’en perçoivent pas la totalité de suite, mais 15 voir 20 jours plus tard.
«Le plus grand problème que nous rencontrons c’est la commercialisation. Les femmes ne retirent aucun bénéfice de la vente à crédit. Celles-ci doivent déduire plusieurs frais de la somme perçue, et si elles ne la reçoivent pas en entier, elles ne peuvent pas rembourser le fournisseur, acheter la matière première, etc. Cependant, lorsque nous exposons la marchandise durant des événements et des manifestations nationales, elle se vend mieux, et le prix de la djellaba peut grimper jusqu’à 2500 dh.» explique Mme Erramadani, avant d’ajouter «nous avons déjà participé à la Foire internationale de Casablanca, et avons aussi participé à des foires à Marrakech, Bejaâd, Beni Mellal, Tanger, etc.
Ces manifestations, qui sont souvent organisées en marge de festivals, nous permettent de faire connaitre nos produits, mais ce n’est pas suffisant.»
Le tissage à Bzou est un art familial, qui s’apprend dès l’enfance et qui se transmet de mère en fille. Si par le passé on produisait à sa guise, aujourd’hui il s’agit pour les femmes d’assurer la subsistance familiale et leur autonomie financière.
Malgré la disponibilité des matières premières et une production abondante, la djellaba bziouya peine à se vendre faute de publicité et de marketing.
«Le produit est là mais nous ne savons pas où le vendre, nous avons besoin de publicité et de plus de visibilité. Nous ne sommes pas connus à l’échelle internationale, nous n’avons pas de site internet et nous ne maitrisons pas les réseaux sociaux pour qu’on puissent faire de la publicité à nos produits. Nous voulons participer à des manifestation à l’étranger, mais ne savons pas comment nous y prendre», explique Mme Erramadani.