3 MA au festival des musiques sacrées de Fès : Un grand moment d’émotion aux couleurs de l’Afrique
Les trois grands maitres des cordes, le Marocain Driss El Maloumi, le Malien Ballaké Sissoko et le Malgache Rajery, réuni dans le trio 3 MA, ont proposé mardi soir au public du festival de Fès des musiques sacrées du monde de grands moments d’émotion et de plaisir aux couleurs de l’Afrique.
Au parc de Jnane sbil, somptueux jardin situé entre la médina et Fès-Jdid, le groupe a fait honneur à la richesse culturelle et musicale de l’Afrique.
Tellement la musique, intense, lumineuse, fluide et colorée coulait naturellement que les trois instruments – kora pour Ballaké Sissoko, Oud pour Driss El Maloumi et valiha pour Rajery- ne faisaient qu’un seul. Chacun d’eux apporte sa touche et ses couleurs personnelles dans un respect mutuel et un plaisir d’être ensemble. Pas de virtuosité gratuite, ni de solo narcissique. Mais, un vrai travail collectif qui privilégie l’émotion et le désir. L’originalité de l’œuvre réside, entre autres, dans la capacité des artistes à dépasser leurs appartenances géographiques pour se concentrer sur le commun, l’humain, le spirituel. Au fil des morceaux, les trois artistes, ouverts sur le monde, qui jouent tous les trois des instruments à cordes pincées emblématiques et enracinés dans la tradition de trois pays où la musique se vit au quotidien, arrivent à créer ensemble un langage où s’entremêlent les notes et les harmonies venues de l’extrême sud à l’extrême nord de l’Afrique. Les trois musiciens s’étaient rencontrés à Agadir, puis à Antanarivo lors de concerts avant d’enregistrer un premier album et de tourner dans de nombreux festivals en Europe. Après une période où chacun des musiciens a continué à mener sa carrière personnelle, ils se sont retrouvés à jouer ensemble, à nouveau, dans la Route de l’Esclavage, un des magnifiques projets de Jordi Saval.
Dès lors les 3 complices ont décidé de développer et d’approfondir ce qui avait été laissé en jachère. 3 MA tel le Phénix est alors reparti pour une nouvelle aventure.
Au même titre que Driss El Maloumi, qui est un des grands maîtres de l’oud au Mahgreb et au Moyen-Orient, Ballaké Sissoko, descendant d’une grande lignée de griots mandingues, est un maître de la kora et un musicien d’exception.
Musicien du monde, comme ses deux complices, Rajery dirige son propre groupe tout en participant à de nombreux échanges. Les soirées de la 24-ème édition du festival des musiques sacrées du monde se poursuivront mercredi avec une soirée de musique andalouse au site de Bab Al Makina. La fondation Esprit de Fès, structure organisatrice de cette grand-messe, a programmé dans la même journée un concert de Simon Elbaz inspirée par la tradition judéo-marocaine, une performance de la troupe chinoise Liyuanxinlei Art Troupe, un concert de musiques et poèmes mystiques d’Orient et d’Occident, ainsi qu’un spectacle de l’ensemble Tri Pusaka Sakti – Théâtre danse de Bali.
LNT avec MAP