Après une croissance modérée en 2016, l’économie mondiale devrait enregistrer une reprise progressive en 2017, tout en restant caractérisée par plusieurs incertitudes.
Selon les dernières prévisions de l’OCDE, publiées le 28 novembre 2016, la croissance mondiale devrait atteindre 3,3% en 2017 après un tassement à 2,9% en 2016, tirée par la reprise attendue aux Etats-Unis (2,3% après 1,5%), au Japon (1,0% après 0,8%) et dans certaines grandes économies émergentes (Inde, Brésil, Russie).
La reprise mondiale se dessine
Dans la Zone Euro, la croissance devrait se poursuivre à un rythme modéré (1,6% après 1,7%), affectée par le ralentissement de l’Espagne (2,3% après 3,2%), malgré une relative résilience des autres grandes économies de la zone, notamment l’Allemagne (1,7% après 1,6%), la France (1,3% après 1,2%) et l’Italie (0,9% après 0,8%). De plus, les prix du pétrole devraient rester globalement modérés, après une nette remontée sur la période récente.
Aux Etats-Unis, comme suite à l’accélération de la croissance du PIB au troisième trimestre (0,8% après 0,4% au T2), l’activité économique poursuit sa reprise comme le montrent les derniers indicateurs conjoncturels. Principal moteur de la croissance américaine, la consommation des ménages est soutenue par l’amélioration continue du marché de l’emploi.
L’économie américaine a créé près de 2 millions d’emplois nets depuis janvier 2016. Le taux de chômage a reculé à 4,6% en novembre, son plus bas niveau depuis 2007. Dans ce contexte, la Fed poursuit la normalisation de sa politique, relevant son taux directeur de 25 points de base en décembre.
Dans la Zone Euro, après une croissance modérée au troisième trimestre (+0,3% comme au T2), des signes de reprise sont visibles fin 2016. La croissance de l’activité du secteur privé de ladite zone s’est accélérée, comme le montre l’indice PMI composite qui a atteint son plus haut niveau depuis onze mois en novembre (53,9 après 53,3 en octobre).
La reprise est généralisée aux principaux pays membres de la zone. Le taux de chômage continue de baisser, mais reste encore relativement élevé. Dans un contexte de faible inflation, la BCE maintient sa politique monétaire accommodante. La divergence avec la politique de la Fed s’est traduite par une forte dépréciation de l’euro qui a atteint son plus bas niveau depuis 2002, passant à 1,04 dollar la mi-décembre.
Au Japon, après une croissance ralentie au troisième trimestre (0,3% après 0,5% au T2), une reprise modérée est en perspective, soutenue par des mesures de relance budgétaire et par une politique monétaire ultra-accommodante.
Parmi les grandes économies émergentes, la croissance s’avère solide dans les pays d’Asie, en particulier la Chine (6,7% au T3 après 6,7% au T2) et l’Inde (7,3% après 7,1%). La contraction de l’activité économique s’est atténuée en Russie (-0,4% après -0,6%) et au Brésil (-2,9% après – 3,6%) avec une perspective de sortie de la récession en 2017.
Les prix du pétrole (Brent) sont repassés au dessus des 50 dollars en décembre contre une moyenne de 46 dollars en novembre. Cette remontée est liée à l’annonce d’un accord entre les pays membres de l’OPEP pour limiter l’offre. Toutefois, l’évolution des cours pétroliers dépendra du respect des quotas par les membres de l’OPEP et de la réaction des producteurs non-OPEP.
Le Maroc dans le même trend, mais…
Au Maroc, les derniers baromètres conjoncturels, notamment ceux relatifs aux échanges extérieurs et aux finances publiques, augurent d’une orientation favorable des activités hors agriculture. Au niveau du secteur agricole, et après une baisse de la valeur ajoutée agricole en 2016, la campagne agricole 2016/2017 s’annonce sous de bons auspices, grâce, notamment, aux conditions climatiques favorables.
En effet, le cumul pluviométrique moyen au niveau national s’est établi, au 7 décembre 2016, à 153,2 mm, en hausse de 30% par rapport à une campagne normale et de 135% par rapport à la campagne précédente.
Dans ce contexte, le taux de remplissage des principaux barrages nationaux s’est établi, au 19 décembre 2016, à 50,4%. Au niveau des ventes de semences, elles ont atteint 1,3 million de quintaux sur un disponible de 1,9 million de quintaux au 12 décembre 2016, pour une superficie emblavée de 4 millions d’hectares.
Soutenue par une évolution maîtrisée des prix à la consommation (hausse de l’IPC de 1,7% en glissement annuel à fin octobre 2016), la consommation des ménages devrait maintenir une évolution favorable en 2017, bénéficiant du raffermissement des transferts des MRE (+4,2%, en glissement annuel, pour atteindre 57,5 milliards de dirhams à fin novembre 2016), de la création de 30.000 postes d’emploi rémunérés au troisième trimestre de l’année 2016 et de l’amélioration soutenue des crédits à la consommation (+5,3%, en glissement annuel, à fin octobre 2016).
L’effort d’investissement devrait se maintenir en 2017, comme en témoigne le dynamisme des dépenses d’investissement émises au titre du Budget de l’Etat (+12,4%, en glissement annuel, pour se situer à 48 milliards de dirhams à fin octobre 2016), avec la bonne tenue des crédits à l’équipement (+5,7% en glissement annuel à fin octobre 2016) et avec le comportement favorable des importations des biens d’équipement et des demi-produits (respectivement +25,5% et +5,8%, en glissement annuel, à fin novembre 2016).
Cependant, la situation des échanges extérieurs a été marquée, à fin novembre 2016, par une augmentation du déficit commercial de 18% qui a atteint plus de 166 milliards de dirhams et donc une baisse du taux de couverture des importations par les exportations de biens de 3,7 points par rapport à la même période de l’année 2015, pour se situer à 55%.
Cette évolution s’explique par une hausse, en glissement annuel, de la valeur des importations (+8,3% pour se situer à 369,2 milliards de dirhams) plus marquée que celle des exportations (+1,4% pour atteindre 203,2 milliards de dirhams).
Hors phosphates et dérivés qui marquent le pas, les exportations ont progressé de 5%, tirées, principalement, par la bonne performance des exportations des métiers mondiaux du Maroc dont, notamment, l’automobile (+8,5%), l’aéronautique (+13,3%), l’électronique (+11,3%), l’agroalimentaire (+6,9%) et le textile et cuir (+6,1%).
S’agissant des importations, leur hausse a résulté de l’accroissement des acquisitions des biens d’équipement (+25,5%), des demi-produits (+5,8%), des biens de consommation (+15,9%) et des produits alimentaires (+21,9%).
En revanche, les approvisionnements en produits énergétiques et en produits bruts se sont repliés de 19,9% et 16,4% respectivement.
Pour ce qui est des flux financiers, les recettes de voyages et les transferts des MRE se sont appréciés, respectivement, de 4,1% et de 4,2% à fin novembre 2016. Ces deux postes ont, ainsi permis de couvrir 70,5% du déficit commercial contre 77,9% un an auparavant. En revanche, le flux des IDE s’est replié d’environ 28%.
Voici donc des nouvelles positives pour l’économie marocaine que nous donne la dernière notre de conjoncture de la DEPF…
Afifa Dassouli