Jeudi 18, dans un palace casablancais, une équipe de PricewaterhouseCoopers (PwC) composée de M. Noël Albertus, Managing partner Maghreb et Afrique francophone, M. Réda Loumany, associé audit, et M. Tom Cools, directeur Afrique francophone, a présenté la plus récente étude du cabinet, intitulée « Enjeux stratégiques et priorités 2017 du Directeur Financier en Afrique francophone ». C’est la 2ème de la sorte de la part de PwC, la première ayant été nettement plus centrée sur le Maroc. Cette fois-ci, ce sont 100 directeurs financiers du Maghreb et d’Afrique francophone qui ont été sondés, afin de faire le point sur leurs attentes, leurs besoins, et leurs perspectives sur l’évolution du marché africain.
L’Afrique optimiste sur son avenir
La première observation que l’on peut tirer du rapport est que les sondés expriment un grand optimisme dans leurs prévisions, à 80%. Selon M. Albertus, cela s’explique par le fait que l’Afrique a traversé plusieurs années extrêmement difficiles (terrorisme, épidémies, instabilités sociales et politiques, etc.), mais que son économie a fait preuve d’une grande résilience. Cela a eu pour effet de grandement rassurer les financiers du continent quant à sa capacité d’absorber les chocs.
Les différents thèmes abordés dans le sondage permettent d’établir une cartographie très instructive des perspectives et des priorités des directeurs financiers. La préoccupation première d’entre eux, exprimée à hauteur de 78%, est l’optimisation du cash pour une meilleure gestion de la trésorerie, afin de professionnaliser la fonction. Comme l’explique M. Cools, de nombreuses entreprises font face à des soucis de dispersions du cash, et commencer à demander des solutions de gestion de trésorerie plus évoluées, comme le cash pooling, pour sécuriser les flux et réduire les risques de fraude.
Un autre grand thème qui ressort est la transformation digitale de la fonction financière. En effet, 72% d’entre eux souhaitent améliorer les SI, et demandent souvent l’installations d’ERP comme Oracle, afin de disposer de toute l’information nécessaire pour piloter l’entreprise. Dans ce sens, 28% des DAF recherchent des profils financiers ayant des compétences dans le digital.
Des difficultés persistent
A 31%, les directeurs soulèvent le problème d’accès au financement, qui ne cesse de freiner l’expansion des entreprises africaines. Ils citent aussi les soucis réglementaires à 41%, notamment la stabilité des règles dans le temps. Le risque de change est également une forte préoccupation, au vu des dévaluations ayant touché certains pays africains (Tunisie, Nigéria, etc.).
Les ressources humaines sont aussi une grande problématique à l’échelle du continent. 43% des DAF se plaignent du manque de compétences internes, et 36% disent rencontrer des difficultés dans leurs recrutements. A 48%, ils recherchent des profils techniques (contrôleur de gestion, fiscaliste, trésorier), et 78% d’entre eux disent privilégier la montée en compétence des ressources internes. Par contre, au top des compétences les plus difficiles à développer figurent les soft skills, managériaux à 42% et comportementaux à 33%.
Intégration et diversification
Concernant leurs stratégies d’expansion, 94% d’entre eux visent leur environnement direct de l’Afrique francophone, qui offre une meilleure intégration régionale, avec une zone de monnaie unique. Malgré cela, 41% d’entre eux visent aussi l’Afrique anglophone, qui compte des économies nettement plus riches.
Enfin, une autre priorité de l’Afrique est son souhait de diversification, afin de moins dépendre des cours mondiaux des matières premières pour le minier, ou de la météo pour l’agriculture. En développant les industries de transformation, elle pourrait ainsi réduire sa fragilité.
Selim Benabdelkhalek