La Politique européenne de voisinage (PEV) ne doit pas se limiter uniquement à la zone euro-méditerranéenne, mais doit concerner aussi d’autres espaces pouvant coopérer ensemble au profit du développement de l’Afrique, a souligné, vendredi à Madrid, le directeur général de l’Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES), Mohamed Tawfik Mouline.
Il s’agit d’un sujet fondamental, d’autant plus que le Maroc vient de réintégrer l’Union Africaine (UA), a-t-il ajouté à l’occasion de sa participation à un colloque sous le thème « L’Union européenne et le Maghreb », organisé par l’Ecole diplomatique d’Espagne.
En vue d’améliorer son impact, la PEV est appelée à développer un certain nombre d’aspects, notamment en la considérant comme « un projet civilisationnel de toute la région, pour lequel tous les partenaires sont sur la même longueur d’ondes, aussi bien ceux du nord que ceux du sud », a relevé M. Mouline dans une déclaration à la MAP en marge de cette rencontre.
Et de préciser que ce projet doit impliquer non seulement les gouvernements, mais également les parlements, la société civile et les acteurs sociaux.
M. Mouline a indiqué aussi que la PEV devrait être orientée de telle façon à faire face aux grands enjeux de la région, particulièrement en matière de développement durable, mettant l’accent à cet égard sur la nécessité d’aider les pays du sud et de l’est de la Méditerranée à renforcer leurs capacités face aux changements climatiques.
Pour le DG de l’IRES, « cette politique doit prendre en considération le défi de la compétitive, étant donné que le centre de gravité de l’économie mondiale est en train d’évoluer vers l’Asie », appelant à œuvrer pour préserver la centralité de la zone euro-méditerranéenne.
Abondant dans le même sens, M. Mouline a souligné que la PEV doit prendre en considération également la dimension sécuritaire.
« Aujourd’hui, cette dimension commence à prendre un peu d’importance dans cette politique, mais, pour réellement être plus efficace, il faudrait un mécanisme euro-méditerranéen qui harmonise les interventions des uns et des autres pour lutter contre les menaces transnationales, ainsi que les phénomènes de radicalisation et du terrorisme », a-t-il dit.
La dimension migratoire est à prendre en compte aussi, en encourageant « une migration qui soit à visage humain et qui puisse permettre une bonne intégration des citoyens issus du sud et de l’est de la Méditerranée vivant dans les pays européens », a poursuivi M. Mouline.
Il s’agit d’une politique migratoire, a-t-il fait remarquer, qui doit faire face en outre à un flux provenant à la fois des zones de crises en Syrie et en Libye, mais aussi de l’Afrique subsaharienne.
Dans son intervention lors de cette table ronde, M. Mouline a donné un aperçu sur la situation du partenariat euro-méditerranéen depuis l’accord de Barcelone, jusqu’à la Politique Européenne de Voisinage, avec toutes les révisions dont elle a fait l’objet, dont la dernière date de novembre 2015.
Ce colloque s’inscrit dans le cadre des rencontres académiques organisées par l’Ecole diplomatique d’Espagne sur des thèmes d’actualité internationale.
LNT avec MAP