Au carrefour du voyage, de la gastronomie et du digital, Cookiz.me est une start-up née d’une volonté de faire quelque chose de nouveau, d’original et de résolument moderne. Entretien avec Marya Benzakour, fondatrice du site www.cookiz.me, une jeune femme de 28 ans que rien ne prédestinait à une carrière où l’art culinaire est le maître mot.
Vous êtes jeune et vous venez de créer une start-up que vous avez baptisée Cookiz.me. Parlez-nous de ce concept.
Je suis née et j’ai grandi au Maroc jusqu’à l’âge de 18 ans, année de l’obtention de mon baccalauréat et de mon départ pour Paris pour intégrer l’université Paris Dauphine.
Après une carrière dans la finance entre Paris, Hong Kong et Dubaï, j’ai décidé de rentrer au Maroc en 2016 pour me lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat avec cookiz.me. Cookiz est une plateforme de réservation de cours de cuisine et de voyages culinaires.
L’idée est de proposer sur le site une sélection des meilleurs cours de cuisine et de permettre aux touristes et aux Marocains de vivre des expériences culinaires originales.
Prendre un cours de cuisine, ce n’est pas seulement apprendre une nouvelle recette. C’est un moment de rencontre, de partage et de découverte, avec un chef, mais aussi avec les autres participant(e)s.
Qu’est-ce qui vous distingue par rapport à vos concurrents ?
Cookiz s’inscrit dans une logique d’uberisation. C’est une plateforme qui met en relation une offre et une demande (sur le modèle de plateformes telles que AirBnb et Uber). Le principal atout de Cookiz est d’être spécialisé dans les expériences culinaires et d’offrir une plateforme complète qui permet de trouver, de comparer, de réserver et de payer son activité en ligne, directement.
A quelle cible vous adressez-vous ?
Cookiz s’adresse à toutes celles et ceux qui veulent passer un moment de découverte, de plaisir et de partage autours de la cuisine.
Prendre un cours de cuisine, c’est une occasion d’apprendre, de comprendre et de créer du lien autours de la gastronomie et de l’art culinaire.
Cookiz souhaite offrir une large gamme de cours de cuisine : marocaine, internationale, pâtisserie pour répondre à toutes les envies et tous les budgets.
Cookiz s’adresse aussi aux entreprises pour des team building culinaires. Prendre un cours de cuisine permet, entre autres, de renforcer la cohésion des équipes et de fédérer autour d’un objectif commun.
Pourquoi avez-vous choisi ce créneau ?
J’ai toujours été passionnée de cuisine. Pour moi, cuisiner est une forme de méditation. C’est aussi une belle façon d’échanger et d’offrir. Cookiz, c’est aussi l’espoir de créer des ponts entre les cultures, grâce à la cuisine.
Découvrir un pays, c’est aussi découvrir sa culture culinaire.
Votre parcours universitaire ne vous prédestinait pas à une telle carrière, pourquoi cette conversion ?
A Dauphine, j’ai suivi une formation générale en gestion, avec des cours de marketing, comptabilité, ressources humaines, droit… que j’ai complétée par un Master en finance.
J’ai découvert le monde des startups en 2012, lors d’un stage au sein du groupe Orange que j’ai effectué à Hong Kong, dans le cadre d’un événement qui s’est tenu dans un espace de coworking qui s’appelle « The Hive » (La Ruche).
J’ai tout de suite été séduite par cet espace et par l’énergie qui s’en dégageait.
A Paris, j’ai assisté à de nombreuses conférences et événements au sein des incubateurs parisiens comme The Family. L’écosystème parisien est très riche et m’a permis de me former sur le sujet des startups. J’ai aussi écrit un livre, Le Plan E (pour Entreprendre), qui est un recueil d’outils pour lancer sa startup internet, et qui est un condensé de mes recherches.
En 2015, j’ai assisté à l’Arab Net Summit – rendez-vous incontournable des startups de la région MENA – qui s’est tenu à Dubaï. J’avais alors déjà commencé la réflexion sur Cookiz et cet événement m’a permis d’orienter mon projet.
De retour au Maroc en 2016, j’ai choisi de suivre une formation intensive à l’entrepreneuriat au sein du New Work Lab, qui est un programme d’accompagnement de 20 entrepreneurs sponsorisés par OCP Entrepreneurship. Ce qui m’a permis de concrétiser mes ambitions.
Est-ce que vous n’avez pas peur de vous lancer ainsi, pourquoi n’avez-vous pas pensé à postuler pour être salariée ?
Si, j’ai eu peur de me lancer ainsi. Et je continue à avoir peur. J’ai eu peur de quitter un emploi stable qui assurait la sécurité d’un salaire, de quitter le confort de Dubaï et de prendre le risque d’être entrepreneur. Mais je pense que le plus grand risque est de n’en prendre aucun. Alors je vis avec cette peur et j’avance.
Travailler au sein d’institutions telles que Société Générale, Thomson Reuters, Orange ou Sanofi Aventis m’a permis de faire mes premiers pas dans le monde du travail et de me former. J’y ai beaucoup appris. Aujourd’hui, l’envie et le besoin d’avoir de l’impact sont mes moteurs. Je pense que le fait d’être jeune, si on peut le voir comme un obstacle, peut aussi constituer une chance. Pour moi, entreprendre est une chance. La chance de se réaliser, par la création.
Est-ce que vous avez rencontré des difficultés depuis que vous avez commencé ?
Le parcours d’entrepreneurs est un parcours à contre-courant qui a son lot de difficultés. Ce n’est pas un parcours facile et je rencontre de nombreuses difficultés au quotidien : trouver des partenaires, des clients, du financement…
Mais, que ce soit dans l’entrepreneuriat ou le salariat, les difficultés existent.
Je préfère donc avoir les difficultés d’un « travail » que j’ai choisi et qui me permet de m’accomplir. Cookiz, c’est aussi un rêve. Le rêve que tout est possible, si on y croit assez fort…