Avec l’annonce de la convocation « très prochaine » de la Chambre des Représentants, par son doyen en âge, l’inusable Abdelwahed Radi (USFP) qui siège sans discontinuité au Parlement depuis 1963, la crise politico-institutionnelle qui sévit depuis plusieurs semaines, prend un nouveau tour.
En effet, le règlement intérieur de la Chambre des Représentants, dispose que celle-ci peut être convoquée par le doyen des élus qui, assisté des quatre des plus jeunes parlementaires, (2 femmes et 2 hommes) peut organiser l’élection du Président de la Chambre, prélude à la constitution normale de toutes ses instances, le bureau, les vice-présidences, les présidents des commissions, les rapporteurs et autres questeurs, etc.
L’urgence d’une telle élection est soulignée par la perspective prochaine de la tenue du sommet statutaire de l’Union Africaine à la fin de ce mois à Addis Abéba.
Ce sommet aura à examiner la demande d’adhésion du Royaume et implique un préalable, l’approbation de cet acte de candidature par le pouvoir législatif marocain. Soit.
On comprend donc, avec cette information qui met en émoi le camp des partisans de Benkirane et du PJD, que le jeu auquel se livre le chef de gouvernement pressenti pourrait connaître une issue définitive.
En effet, il est exact que le pouvoir législatif est indépendant de l’Exécutif et qu’il n’y a pas de lien direct entre l’élection d’un président de ladite chambre et la constitution d’une majorité parlementaire pour voter un programme de gouvernement.
Mais, la pratique parlementaire a toujours montré que le Président de la Chambre des Représentants était issu d’une majorité parlementaire, laquelle donnait vie à une coalition gouvernementale.
Cette option aujourd’hui n’est pas opératoire puisque le PJD et Abdelilah Benkirane ne peuvent, tout au plus, qu’aligner leurs voix, celles du PPS et de l’Istiqlal, pour faire élire un candidat issu de leurs rangs.
A moins donc d’un ralliement de dernière minute de la « bande des quatre », (RNI, MP, UC et USFP) tout candidat présenté par les « vainqueurs » des élections du 7 octobre dernier, sera recalé lors du vote des Représentants.
A l’opposé, s’il s’agit seulement de « trouver » un président au sein d’une majorité arithmétique, soyons certains que les quatre partis précités auxquels s’ajouterait le PAM, qui fait montre d’ailleurs d’une discrétion remarquable depuis plusieurs semaines, pourraient faire élire un des leurs, marquant sans doute ainsi la rupture définitive avec l’idée d’un compromis qui permettrait ensuite à Abdelilah Benkirane de conduire une majorité gouvernementale.
Parce qu’il y a urgence et parce qu’il s’agit d’une question relevant de l’intérêt supérieur de la Nation et de l’Etat, on peut penser que l’élection du président de la Chambre des représentants sera menée à bien dans les tous prochains jours.
Mais cela pourrait également signifier la fin de la mission confiée par le Roi Mohammed VI à Abdelilah Benkirane le 10 octobre dernier…
Qui vivra, verra !
Fahd YATA